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Elections européennes 2024 : la laborieuse campagne du camp Macron

 Gabriel Attal et Emmanuel Macron, à Paris, le 15 avril 2024.

Emmanuel Macron se saisit de son portable. Ce dimanche 28 avril, depuis le pavillon de la Lanterne, à Versailles, le chef de l’Etat compose le numéro de son premier ministre, Gabriel Attal, pour parler de la campagne des élections européennes.

Le temps est printanier aux abords du château de Louis XIV, mais le président de la République est soucieux. Les sondages pour le scrutin du 9 juin présagent une bérézina pour son camp. La liste du Rassemblement national (RN), guidée par Jordan Bardella, caracole en tête, distançant largement celle du camp présidentiel, conduite par Valérie Hayer. L’écart dans les intentions vote est désormais de 15 points (32 % contre 17 %), selon l’enquête Ipsos-Cevipof pour Le Monde.

La candidate choisie par le chef de l’Etat est aussi talonnée par la liste de Raphaël Glucksmann (14 %), porte-voix d’une gauche modérée. L’Elysée s’inquiète de « l’esprit de défaite » qui se diffuse au sein des troupes macronistes.

Sur demande présidentielle, Gabriel Attal est sommé d’accepter de débattre face à Jordan Bardella. Il faut, explique en substance Emmanuel Macron, « débusquer » ce candidat d’extrême droite de 28 ans, « fuyard », qui ne sait faire « que des selfies et des culs-secs ». Le locataire de l’Elysée anticipe déjà que le débat télévisé entre la discrète Valérie Hayer et le patron du RN, jeudi 2 mai, sur BFM-TV, ne changera pas la donne.

Depuis Matignon, les équipes de Gabriel Attal décrivent un premier ministre ravi d’affronter le favori de l’élection. « Ça le démange », assure-t-on rue de Varenne. Le 17 avril, le chef du gouvernement expliquait pourtant devant des journalistes : « Il y a très peu de Français qui se lèvent le matin en considérant que la majeure partie du temps du premier ministre, ça doit être de faire campagne. » « Le président l’a rattrapé par le col », observe un cadre de l’équipe de campagne.

« On rentre dans le “money time” »

Une volte-face tactique. Jusqu’à mi-avril, la stratégie définie au sommet de l’Etat préconisait de ne pas mêler l’exécutif à un éventuel échec. Tout a changé avec la dégringolade sondagière : il a été jugé indispensable de jeter toutes les forces macronistes dans la bataille, façon branle-bas de combat. « Pas de jour férié quand on est en campagne », lance le premier ministre devant les membres de la majorité mardi 30 avril, lors d’une réunion au siège de Renaissance. Avant de montrer l’exemple dès le lendemain, mercredi 1er mai, en déambulant à la foire de Beaugency (Loiret).

Emmanuel Macron fait aussi savoir à ses ministres qui craignent d’endosser une part du fiasco que si naufrage il y a, il sera « collectif ». « J’ai la liste des ministres qui tiennent des réunions publiques » à travers le pays pour faire campagne, a-t-il récemment rappelé aux ténors du gouvernement. « On rentre dans le “money time” », ce moment où tout se joue, explique-t-on à l’Elysée. Le chef de l’Etat s’investira lui-même, dit-on dans son entourage, où l’on revisite la théorie d’Ernst Kantorowicz : « Il y a deux corps du roi : celui du président », en surplomb, « et celui du militant », en campagne.

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