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« Fractures françaises » : malgré les contraintes budgétaires, la critique de l’« assistanat » diminue

« Maîtriser la dépense pour investir dans l’avenir. » Le titre du projet de loi de finances pour 2024 – prochainement débattu à l’Assemblée nationale – ne pouvait pas mieux illustrer l’un des nombreux paradoxes qui nourrit l’opinion. Si les Français sont peu préoccupés (voire peu intéressés) par le sujet de la dette publique, ils demeurent toujours politiquement clivés sur les affectations budgétaires. Tel est l’un des enseignements de la onzième vague de l’enquête annuelle « Fractures françaises », réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès, le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et l’Institut Montaigne.

Exclu du podium des principales préoccupations des Français, le niveau de la dette et des déficits n’émeut qu’à peine 8 % des sondés, loin derrière les difficultés de pouvoir d’achat ou encore la protection de l’environnement. Près d’un Français sur trois (32 %) estime même que la réduction de l’endettement et des déficits publics n’est pas prioritaire. Les arbitrages qui en découlent concernent pourtant l’ensemble de la population, comme la réforme des retraites ou la récente réforme de l’assurance-chômage. Les Français semblent ainsi soucieux de la répercussion des contraintes budgétaires sur le modèle social du pays.

Pour preuve : ils sont moins nombreux qu’auparavant à estimer que « les chômeurs pourraient retrouver du travail s’ils le voulaient vraiment ». Ils sont 65 % à le penser en 2023 (soit 2 points de moins qu’en 2022), une première baisse depuis six ans. De même, le sentiment plus large qu’« il y a trop d’assistanat en France » atteint un niveau historiquement bas : 56 % des Français partagent cette opinion, contre 63 % en 2022. A l’inverse, près de 44 % des sondés estiment désormais qu’il n’y a pas assez de solidarité envers les gens qui en ont besoin, soit le plus haut niveau depuis près de dix ans. Données précieuses à l’heure où les débats parlementaires s’intensifient sur le projet de loi « plein-emploi » et sa mesure visant à « accompagner » les allocataires du revenu de solidarité active à travers de quinze à vingt heures hebdomadaires d’activité.

Postures économiques hétérogènes

Si les préoccupations sociales semblent davantage émergées – eu égard sans doute au contexte inflationniste –, un clivage politique demeure s’agissant des moyens budgétaires engagés pour réduire la dette. Si les électeurs de gauche préconisent une hausse de la fiscalité sur les entreprises – respectivement 43 % des électeurs de La France insoumise (LFI) et du Parti communiste (PCF), 54 % de ceux d’Europe Ecologie-Les Verts et 55 % du Parti socialiste (PS) contre 34 % pour l’ensemble des sondés –, les partisans du parti Les Républicains (LR, 41 %) ou de Reconquête ! (54 %) privilégient la réduction des dépenses publiques.

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