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A Davos, « la Chine joue les colombes du commerce mondial »

Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial, et le premier ministre chinois, Li Qiang, lors de la 54ᵉ édition du Forum, à Davos (Suisse), le 16 janvier 2024.

Dans la grande salle, à moitié remplie, Jake Sullivan énumère les désordres mondiaux. Le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, l’un des plus proches collaborateurs du président des Etats-Unis, aborde la guerre russe en Ukraine, les attaques de cargos en mer Rouge et le risque chinois exacerbé par la victoire des indépendantistes taïwanais aux élections du 12 janvier.

Quand ils sortent, les participants du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, tombent sur une autre ambiance. Le temps du discours américain, le hall a été entièrement paré de rouge, décoré de cerfs-volants multicolores. La ville de Dalian, partenaire de l’événement, célèbre avec un peu d’avance le Nouvel An chinois. Buffet fin à volonté, immense sculpture en radis blanc et visages radieux, la ville portuaire du nord-est de la Chine, qui accueille tous les ans un « Davos chinois », soigne son image d’amie de l’Occident. Loin des mises en garde de Jake Sullivan de l’autre côté de la cloison.

Ainsi va Davos, qui tente toujours de maintenir les fils fragiles qui unissent les hommes d’affaires de tous les continents. Comme en 2017, lorsque le président Xi Jinping était venu chanter les louanges de la mondialisation, Pékin a choisi de jouer les colombes du commerce mondial. Le premier ministre Li Qiang, nommé il y a moins d’un an, n’est pas venu seul : 150 membres de sa délégation l’ont accompagné, s’ajoutant à la centaine d’entrepreneurs chinois déjà sur place.

Discours d’apaisement

Une venue en masse pour délivrer un discours d’apaisement. Lancé dans une métaphore audacieuse comparant l’économie chinoise à la majestueuse chaîne des Alpes dont on ne peut apprécier la beauté qu’en prenant de la distance, il a blâmé à mots couverts la discrimination américaine et ouvert les bras aux investisseurs étrangers. « Investir sur le marché chinois n’est pas un risque mais une opportunité », a-t-il affirmé en se disant prêt à assouplir la réglementation.

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Cet appel n’est pas innocent. Au deuxième trimestre de 2023, le flux des investissements étrangers a été négatif, une première depuis 1998. L’argent fuit un pays qui fait soudain peur. Dernier signe en ce mois de janvier, des consultants occidentaux ont fait l’objet d’enquêtes pour espionnage.

Comme son président, Li Qiang se fait l’apôtre de la mondialisation actuelle qui consacre la suprématie de l’industrie chinoise dans la chaîne logistique mondiale, si efficace quand elle est stable et fluide. « Nous ne voulons pas de découplage mais rendre moins risquées nos chaînes d’approvisionnement », a répondu diplomatiquement la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Façon d’acter la fin d’un monde qui plaît tant aux entrepreneurs de Davos mais qui est désormais derrière nous.

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