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Deux enquêtes ouvertes après la mort d’un homme ayant reçu des décharges de pistolets à impulsion électrique lors d’une interpellation

Un policier portant un pistolet à impulsion électrique (PIE), généralement connu sous le nom de Taser. A Tours, le 23 décembre 2016.

Que s’est-il passé entre 0 h 08 et 0 h 37 dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 janvier aux abords et à l’intérieur d’une petite épicerie de quartier à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) ? Après son interpellation très mouvementée, un jeune homme âgé de 30 ans a succombé à deux arrêts cardio-respiratoires successifs après avoir été la cible de plusieurs tirs de pistolets à impulsion électrique (PIE), généralement connus sous le nom de Taser.

Des retranscriptions d’échanges radio de la police que Le Monde a pu consulter permettent de retracer, minute par minute, l’enchaînement des circonstances qui ont conduit à ce décès, des faits pour lesquels le parquet de Bobigny a ouvert deux enquêtes, la première confiée à un service d’investigation local, la seconde à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Ces échanges se concentrent dans un temps très court, moins d’une demi-heure d’une intervention mouvementée à l’intérieur d’une supérette de la rue Henri-Barbusse, dont le gérant a composé le 17 : un jeune homme, « extrêmement confus et agressif », effraie ses clients. Sur place, les policiers découvrent le trentenaire hagard, puis menaçant, et échouent à le raisonner.

A 00 h 08, de guerre lasse, ils tentent de l’interpeller mais l’homme, « de forte corpulence », se débat. Une seule main menottée, il assène un coup de pied au visage d’un fonctionnaire et le mord à la main. En deux minutes, il reçoit quatre décharges de PIE en mode « contact », c’est-à-dire en appliquant directement l’extrémité de l’arme sur son corps, une méthode mise en œuvre en dernier recours, lorsque les tirs d’ardillons paralysants se révèlent insuffisants pour venir à bout d’un individu récalcitrant.

En pure perte. L’homme réussit une nouvelle fois à échapper aux fonctionnaires et se réfugie dans la réserve du commerce, un local très étroit. A ce moment, les policiers savent qu’il ne possède aucune arme et en rendent compte par radio. Pendant dix minutes, ils vont donc tenter de le maîtriser et font de nouveau usage de leurs PIE, par des tirs – inopérants – et en mode contact.

Une arme qui fait débat

Au total, a fait savoir le parquet de Bobigny à l’AFP, les PIE ont été utilisés à une douzaine de reprises par six des dix-huit policiers intervenants. « Sans aucune réaction » de sa part, annonce l’un d’eux à sa radio sur le moment. A 00 h 23, l’homme est finalement interpellé. Déjà sur place, les sapeurs-pompiers le prennent en charge mais, quatorze minutes plus tard, à 00 h 37, alors que le SAMU les a rejoints, il se trouve en état d’arrêt cardio-respiratoire. Il décédera au matin du vendredi 5 janvier, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (13e) où il a été transporté, son pronostic vital engagé.

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