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Sous pression, les ministres de l’aile gauche font taire leur malaise sur la loi « immigration »

 Le ministre délégué chargé des transports, Clément Beaune, à l’issue du conseil des ministres à l’Elysée, à Paris, le 20 décembre 2023.

L’atmosphère est pesante, jeudi 4 janvier à l’hôtel de Roquelaure, boulevard Saint-Germain, à Paris. Clément Beaune se sait en difficulté. Mais à quel point ? Le ministre délégué chargé des transports se rendra sur le marché d’Aligre, dans sa circonscription du 12arrondissement de la capitale, le week-end du 6 janvier, pour, dit-il au Monde, prendre la température de son électorat parisien. Mais, aussi, pour mesurer l’ampleur des dégâts.

Le haut fonctionnaire, qui a tenté au fil des ans de se sculpter une stature afin d’incarner l’aile gauche de la Macronie, a pris ces derniers jours les traits d’un traître à la cause sociale-démocrate ou, pire encore, d’un couard. Etiqueté par certains de ses collègues du gouvernement comme le meneur d’une fronde de ministres menée en plein vote du projet de loi « immigration », le 19 décembre 2023, l’élu de Paris nie avoir jamais voulu démissionner. Et « récuse », dans un entretien au Parisien le 4 janvier, « l’idée d’une dérive » avec l’adoption de ce texte présenté par Marine Le Pen comme une « victoire idéologique » du Rassemblement national (RN).

Fidèle de la première heure, l’ancien conseiller Europe d’Emmanuel Macron à Bercy puis à l’Elysée est certes gêné par des dispositions de la loi, comme la distinction introduite entre étrangers et nationaux pour l’attribution de l’aide personnalisée au logement (APL), ou cette caution réclamée aux étudiants extra-européens. Il veut aussi éviter « tout nouveau débat » sur l’aide médicale d’Etat (AME), que la première ministre, Elisabeth Borne, s’est pourtant engagée, par écrit, auprès des élus Les Républicains (LR) à réformer en ce début d’année 2024.

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Mais il y a d’autres façons d’agir que de démissionner, dit-il désormais, refusant de suivre la voie empruntée par l’ex-ministre de la santé, Aurélien Rousseau, qui a quitté ses fonctions le 20 décembre pour éviter de porter une réforme de l’AME contraire à ses convictions.

« L’heure n’était pas venue »

Clément Beaune revendique vouloir mener le « combat » de l’intérieur, en dévitalisant le plus possible la loi « immigration », sans toutefois prétendre à un « match retour » sur ce texte. Le ministre des transports n’évoque aucune « ligne rouge » à ce sujet et préfère parler de son souhait de rétablir un « équilibre politique » pour la suite du quinquennat d’Emmanuel Macron, grâce à des initiatives sur l’Europe, l’écologie ou la lutte contre les discriminations. « Je suis embarqué dans cette aventure politique depuis dix ans. Il y a un lien humain, affectif. Le macronisme est mon histoire », justifie-t-il. Et s’il s’est bien « posé des questions », Clément Beaune a jugé que « l’heure n’était pas venue » pour lui de quitter son ministère, imaginant que son départ signerait la victoire de l’aile droite de la Macronie. Il concède toutefois que le chef de l’Etat, en pleine réflexion sur un remaniement gouvernemental, pourrait bien vouloir se séparer de lui.

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