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La dédiabolisation du Rassemblement national est-elle de nature à créer une dynamique électorale qui pousserait Marine Le Pen vers l’Elysée en 2027 ?

Depuis de nombreux mois maintenant, les différentes enquêtes d’opinion dressent le même constat : Marine Le Pen, et même plus globalement le Rassemblement national (RN), sont de plus en plus « dédiabolisés ».

Le parti d’extrême droite jouit désormais d’une meilleure image, ce qui constitue une tendance lourde, que nul observateur sérieux de la scène politique ne peut feindre d’ignorer. Le dernier baromètre annuel pour Le Monde et Franceinfo (réalisé du 21 au 29 novembre 2023) montre ainsi que 43 % des Français considèrent le Rassemblement national comme un parti pouvant participer à un gouvernement, quand seulement 39 % estiment qu’il n’est qu’une formation d’opposition.

« L’étoffe d’une présidente »

De manière similaire, 45 % des Français considèrent qu’il n’est pas un danger pour la démocratie. A l’inverse, seulement 41 % pensent qu’il est bel et bien dangereux pour la démocratie, chiffre en baisse de 17 points depuis 2017.

Mais ce croisement des courbes et cette dédiabolisation doivent-ils nous inquiéter ? Sont-ils de nature à créer une dynamique électorale qui pousserait Marine Le Pen vers l’Elysée en 2027 ?

Pour répondre à cette question, nous pouvons revenir à la présidentielle de 2022. Les données « panélisées » collectées à l’époque par l’Institut Ipsos pour Le Monde et la Fondation Jean Jaurès avaient montré une amélioration substantielle de l’image de Marine Le Pen entre octobre 2021 et mars 2022 sur un point en particulier : la croyance dans le fait que Marine Le Pen avait « l’étoffe d’une présidente », chiffre passant ainsi de 30 % à 39 %.

Mais justement, comment se sont comportés électoralement ces Français qui se sont laissé convaincre au fil de la campagne que Marine Le Pen constituait une candidate comme un autre ? On constate d’abord un léger effet de la dédiabolisation au premier tour de la présidentielle : 30,8 % ont voté pour la candidate RN au premier tour, soit 8 points de plus que l’ensemble des Français.

Résonance de son programme

Mais c’est au second tour que l’effet de la dédiabolisation est bien le plus marqué : les électeurs qui au cours de la campagne se sont défaits de leur méfiance à l’égard de Marine Le Pen ont voté pour elle à 65,1 % au second tour de la présidentielle, contre 34,1 % pour Emmanuel Macron.

Or, de manière plus spectaculaire encore, les Français qui ont changé d’opinion sur Marine Le Pen au cours de la campagne de 2022 n’avaient voté pour elle qu’à 37,3 % au second tour de la présidentielle de 2017, alors qu’ils la rejetaient toujours. L’amélioration de l’image de Marine Le Pen se corrèle donc bel et bien à une augmentation du vote en sa faveur, et surtout dans une perspective de second tour. Car, en parallèle, les électeurs qui continuaient de s’y opposer à la fin de la campagne électorale de 2022 ont voté pour Emmanuel Macron à 89,4 %.

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