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Affaire Gérard Depardieu : « L’art n’est pas un totem d’impunité », défend une nouvelle tribune signée par plus de 150 artistes

Une semaine après la publication d’une tribune dans Le Figaro en soutien à l’acteur Gérard Depardieu, mis en examen pour viols et agressions sexuelles, plus de 150 personnalités, notamment du monde de la culture, réagissent dans une nouvelle tribune, publiée dans Libération lundi 1er janvier.

« Au nom de l’art, certaines voix s’élèvent pour défendre Gérard Depardieu, insinuant que son talent devrait le soustraire à toute critique, et même l’excuser pour ses comportements intolérables. Tout ça ne sera pas en notre nom », écrivent-elles, estimant que « l’art n’est pas un totem d’impunité ».

« Nous ne nous attaquons pas à l’art qui nous est cher : nous voulons au contraire le protéger, en refusant fermement qu’il serve de prétexte à l’abus de pouvoir, au harcèlement ou aux violences sexuelles », poursuivent les signataires. Le texte a été signé, entre autres, par la réalisatrice Monia Chokri, la dramaturge Rébecca Chaillon, les humoristes Anne Roumanoff et Waly Dia, les actrices Murielle Robin et Alexandra Lamy, ainsi que la militante contre les violences policières Assa Traoré ou encore la danseuse Keiona.

Soutien aux victimes

La tribune souligne, par ailleurs, l’importance de soutenir les victimes de violences sexistes et sexuelles. « L’art ne doit jamais nous amener à détourner le regard des souffrances des victimes, qu’elles soient célèbres ou anonymes, et le talent ne justifie pas la transgression des limites et l’atteinte à l’intégrité d’autrui. »

Les signataires ajoutent qu’il est « impératif de reconnaître le courage des survivantes qui bravent la stigmatisation et les doutes pour dénoncer des abus, au sein même d’une société dans laquelle elles n’ont rien à y gagner, et parfois même tout à perdre. Leurs voix méritent d’être entendues, crues, et soutenues. »

Enfin, en réponse aux propos d’Emmanuel Macron, les signataires terminent en affirmant : « La France qui nous rend fier·es ne se bat pas pour le droit d’importuner, elle est du côté des victimes présumées. »

Plusieurs tribunes publiées

Au début de décembre, l’émission « Complément d’enquête » diffusait des images où l’acteur multipliait les propos misogynes et insultant à l’adresse des femmes. Dans la polémique qui s’est ensuivie, Emmanuel Macron avait dénoncé le 20 décembre une « chasse à l’homme » contre l’acteur, et estimé qu’il rendait « fière la France ».

Le soir de Noël, ce sont soixante acteurs qui ont exprimé leur soutien à Gérard Depardieu dans la tribune publiée dans Le Figaro. Le texte, signé entre autres par Carole Bouquet, Nadine Trintignant et Gérard Darmon, affirme que « lorsqu’on s’en prend ainsi à Depardieu, c’est l’art que l’on attaque ».

Plusieurs des signataires se sont désolidarisés depuis la publication parce que c’est un comédien quasi inconnu mais proche des sphères identitaires et réactionnaires, Yannis Ezziadi, qui en était à l’initiative.

De nombreux autres artistes ont, eux, signé une « contre-tribune » pour « manifester [leur] désaccord avec cette idée ». Le texte, porté par le collectif Cerveaux non disponibles, a recueilli quelque 8 000 signatures en 48 heures.

Une autre pétition critique, intitulée « Adresse au vieux monde », a été publiée dimanche sur le site de Médiapart avec quelque 70 signatures de personnalités du cinéma, dont Laure Calamy et Anouk Grinberg.

Le Monde

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