Close

Gérard Depardieu : une « contre-tribune » signée par six cents artistes pour briser « la loi du silence » et « l’écho de l’impunité »

« Lorsqu’on s’en prend à Depardieu, ce serait à l’art que l’on s’en prendrait ! » Cinq jours après la publication dans Le Figaro d’une tribune en soutien à l’acteur, mis en examen pour viols et agressions sexuelles, six cents artistes ont signé une « contre-tribune » pour « manifester [leur] désaccord avec cette idée ». Le texte, publié par le collectif Cerveaux non disponibles vendredi 29 décembre et relayé sur le Club de Mediapart, est paraphé notamment par la chanteuse Pomme, l’actrice Judith Chemla, la militante Rokhaya Diallo ou encore le rappeur Médine et entend briser « la loi du silence » et « l’écho de l’impunité ».

« Cette tribune et la défense de Macron sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. C’est l’illustration sinistre et parfaite du monde d’avant qui refuse que les choses changent », fustigent ses signataires. Se présentant comme « un grand admirateur de Gérard Depardieu », Emmanuel Macron avait estimé que l’acteur « rend fière la France » et avait dénoncé « une chasse à l’homme ».

« Nous aussi, nous souhaitons que la justice fasse son travail. C’est même ce que les féministes réclament depuis toujours. Mais face à l’absence d’écoute et de prise au sérieux des victimes au sein des institutions policières et judiciaires, il est du devoir de chacun·e de refuser la banalisation de propos et d’actes tels que ceux de Gérard Depardieu », affirment-ils.

Les six cents artistes arguent « que l’art n’a pas à être fait par des idoles hors de la réalité, l’art n’est pas du côté des caprices de star. L’art refuse de se soumettre à leur système ». Et de conclure : « La production de l’art n’est pas une abstraction située en dehors des dynamiques sociales. »

Des soutiens de Depardieu affichent leur malaise

Depuis la mise en ligne de la tribune de soutien à Gérard Depardieu, plusieurs signataires ont exprimé leur malaise après avoir découvert le profil de son initiateur, sans pour autant retirer leur paraphe. « J’ai signé une tribune pour Gérard Depardieu. Cependant, je ne soutiens pas les idées et valeurs associées au journaliste porteur de cette tribune. Lui donner de la visibilité par l’entremise de Gérard me met, comme vous pouvez l’imaginer, profondément mal à l’aise », a notamment déclaré l’actrice Carole Bouquet sur Instagram.

L’acteur et réalisateur Yvan Attal a aussi reconnu « un malaise » à propos de cette tribune qu’il a signée bien qu’elle ne lui allait « pas totalement ». « Je n’ai pas signé (…) contre les femmes », a-t-il précisé à BFM-TV, mais Gérard Depardieu « a le droit de ne pas être lynché publiquement (…) il faut laisser la justice parler »L’acteur Gérard Darmon, sur RTL, a pour sa part regretté la teneur du texte signé. « Attention de ne pas dire qu’en touchant Depardieu on touche à l’art. (…) Ce sont des conneries », a-t-il reconnu.

Charlotte Arnould, qui a porté plainte contre Gérard Depardieu, conduisant en 2020 à sa mise en examen pour viol et agression sexuelle, ne figure pas parmi les signataires de la contre-tribune. La comédienne a remercié sur Instagram celles et ceux qui la soutiennent dans cette période : « J’accuse les coups (…) ce n’est pas la grande forme. » Et a répondu au malaise exprimé par Carole Bouquet après avoir signé la pétition : « Il fallait y penser avant non ? ! »

Le Monde

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top