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Biodéchets : la généralisation du tri prévue le 1ᵉʳ janvier 2024 accuse un sérieux retard

Un point de collecte de biodéchets, à Vincennes (Val-de-Marne), le 3 juin 2023.

« Apportez ici vos déchets alimentaires », invite le panneau assorti du croquis d’un trognon de pomme, d’un reste de carotte, d’un os de poulet et d’une arête de poisson. La consigne n’est visiblement pas complètement passée. A deux pas de la place de la Nation, dans le 12arrondissement de Paris, des sacs (pas tous biodégradables) remplis d’épluchures de fruits et légumes ou de marc de café s’entassent dans, au-dessus et autour de la poubelle. A l’intérieur ont également été jetés des boîtes à œufs (sans les œufs) ou un pied de sapin de Noël en bois (sans sapin). D’ici à la fin de l’année, tous les marchés de la capitale devraient être équipés par ces bornes dites « d’apport volontaire ».

A partir du 1er janvier 2024, les collectivités sont censées proposer à tous les Français des solutions pour trier leurs biodéchets (restes de repas mais aussi déchets verts issus du jardinage) afin de les « valoriser » sous forme de compost ou de biogaz.

Le défi est gigantesque : aujourd’hui, les déchets organiques représentent encore un tiers des ordures ménagères résiduelles (la poubelle grise) des Français, soit en moyenne 83 kg par an et par habitant. Ainsi, chaque année, environ 5,5 millions de tonnes finissent encore brûlés dans un incinérateur ou enfouis : « un non-sens écologique », pointe l’Agence pour la transition écologique (Ademe).

Mais les collectivités, qui ont la responsabilité de la gestion des déchets, ne seront pas prêtes pour l’échéance du 1er janvier 2024. Selon les dernières estimations de l’Ademe, moins d’un Français sur trois (environ 20 millions) devrait être desservi par une solution de tri à la source des biodéchets au début de l’année. Et encore, le chiffre est sans doute largement surévalué car il suffit à une collectivité d’avoir lancé une « étude de préfiguration » avant le 31 décembre pour être considérée dans une démarche de tri à la source.

« Inacceptable »

Le retard est tel que l’objectif assumé par l’Etat est seulement de couvrir 40 % de la population (27 millions de personnes) d’ici à la fin 2024. L’obligation figure pourtant dans la loi (pour la croissance verte) depuis 2015 et l’échéance du 31 décembre 2023, fixée par la directive européenne sur les déchets en 2018, a été transposée dans le droit français par la loi « antigaspillage et pour une économie circulaire » de 2020.

« C’est inacceptable. Cela fait huit ans que les collectivités savent qu’elles doivent mettre en place le tri à la source des biodéchets, déplore Juliette Franquet, directrice de Zero Waste France. L’heure n’est plus à la procrastination, il faut que l’Etat et les collectivités redoublent d’efforts et vite. »

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