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La mort de Robert Solow, économiste « modèle » de longévité

Le président des Etats-Unis Barack Obama remet la médaille de la Liberté à l’économiste Robert Solow, à Washington, en 2014.

Le géant de l’économie Robert Solow est mort le 21 décembre dans sa résidence de Lexington, dans le Massachusetts. J’ai eu le privilège, au cours des quarante dernières années, d’interagir avec de nombreux et brillants chercheurs en économie. Tous ont cherché, et souvent réussi, à inventer de nouveaux modèles ou paradigmes qui nous permettent à la fois de mieux appréhender les phénomènes économiques et de mieux nous y adapter. Par exemple, comment expliquer, pour les surmonter, les crises financières, le chômage, l’inflation, la stagnation séculaire…

Cependant les modèles économiques sont un peu comme les espèces animales ou comme les vins, certains modèles résistent mieux que d’autres au test du temps, ils survivent mieux à l’épreuve darwinienne imposée à la fois par l’histoire économique, qui ne s’arrête jamais, et par le processus de « destruction créatrice » en vertu duquel de nouvelles générations d’économistes cherchent constamment à proposer de nouveaux modèles qui puissent supplanter les paradigmes dominants.

Ce qui fait de Robert Solow un champion de la longévité, ce n’est pas tant le fait que, né à Brooklyn le 23 août 1924 d’une famille modeste sans éducation supérieure, il ait vécu jusqu’à l’âge de 99 ans. Non plus qu’il ait enseigné au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) pendant près de cinquante ans depuis son entrée dans cette institution, en 1949 (rappelons au passage que Robert Solow, en équipe avec Paul Samuelson, a construit le département d’économie du MIT pour en faire le meilleur au monde).

C’est surtout le fait que Solow a fondé un nouveau domaine de recherche, l’économie de la croissance, en produisant en 1956 un modèle étonnamment simple et élégant, un modèle lumineux qui permette de penser comme jamais auparavant, d’identifier et de mesurer les déterminants de la croissance du produit intérieur brut (PIB). Résumons-le ainsi : la croissance est-elle due principalement à l’accumulation du capital, à la croissance démographique, ou au progrès technique qui accroît la productivité du travail et/ou celle du capital ?

Le modèle de Solow a joué un grand rôle en économie du développement, en donnant des clés pour comprendre pourquoi certains pays croissent plus vite que d’autres, et pour expliquer les différences persistantes de niveau de vie (PIB par habitant) entre pays. Ce modèle est enseigné dans toutes les universités du monde, et même au niveau secondaire, notamment à tous nos élèves de terminale en option sciences économiques et sociales. C’est donc très naturellement que Robert Solow fut récompensé par un prix Nobel en 1987.

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