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Jacques Delors, en pleine crise de la zone euro : « N’ayez pas peur, nous y arriverons »

Le 15 juin 2013, Jacques Delors prononçait, à Paris, un discours en forme de testament. Extrait.

Ce qui menace l’Europe

« Nous avons trois adversaires dangereux. Le premier : le marasme économique et social qui a des conséquences tragiques pour des millions d’Européens. Le second : l’image d’une Europe punitive, extérieure au peuple. Le troisième : le populisme, qui se nourrit de la mondialisation mais aussi des conséquences des plans d’assainissement économiques et financiers… Le devenir de l’Union économique et monétaire est de tracer le chemin de l’espoir, en d’autres termes celui de la relance. »

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L’espoir déçu de la monnaie unique

« Une monnaie commune, c’est une ambition très grande, peut-être trop grande. Nous avons sous-estimé la gravité d’un projet européen qui touche les citoyens. Un marché unique, ce sont notamment des règles de concurrence, mais la monnaie unique, c’est autre chose. Les citoyens l’ont dans leur poche. Avec elle, ils mesurent leur niveau de vie et la place de leur pays en Europe. »

Ce qui a failli tuer l’euro

« Ceux qui nous ont gouvernés ont manqué à leurs devoirs essentiels. De 1999 à 2002, ils ne se sont occupés que de la monnaie unique et ont complètement oublié la jambe économique de l’Union économique et monétaire… Durant cette période, où l’économique et le monétaire n’allaient pas ensemble, la compétitivité de plusieurs Etats membres s’est dégradée et l’écart structurel entre le Nord et le Sud s’est accru. C’est un problème très grave pour l’avenir car si des pays ont perdu la structure qui leur permet d’être compétitifs, compte tenu de leur personnalité et de leur place géographique, alors l’euro, quelles que soient les réformes, ne marchera pas. »

Ce qui peut sauver l’euro

« La réforme de l’euro appelle un grand effort d’aménagement structurel, une coopération renforcée. M. Genscher, en son temps, résumait cela d’une manière simple : “Aucun pays ne peut forcer les autres à aller plus loin avec lui, mais aucun pays dans l’Europe ne peut empêcher certains d’aller plus vite”…

La coopération renforcée, c’est la souveraineté partagée. Cela suppose un budget autonome de la zone euro, un instrument de régulation économique et bien entendu une union bancaire, sans oublier une marche raisonnable vers l’harmonisation fiscale et l’amorce d’une harmonisation sociale… »

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Et l’Europe sociale

« Quand je lis certains documents de Bruxelles, j’ai l’impression que si le salarié accepte d’être plus mobile, de baisser son salaire et d’être soumis à des modalités plus souples pour être mis au chômage, le système est sauvé. Mais ce n’est pas possible d’accepter des argumentations aussi simplistes ! Imaginez que certaines personnes aient dominé le monde après la guerre et qu’elles aient fait triompher ces idées, nous n’aurions pas la Sécurité sociale. La bataille idéologique, politique et économique n’est pas terminée. »

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