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Paris 2024 : « Les entraîneurs ne sont pas formés à la psychologie du sport »

Le chercheur en psychologie Jean Fournier à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), le 22 septembre 2023.

Jean Fournier est psychologue, maître de conférences de l’université Paris-Nanterre et ancien président de la Société française de psychologie du sport (2017-2023). Il a travaillé pendant vingt ans dans le domaine de la préparation mentale avec différents athlètes et entraîneurs olympiques et avec la Fédération française de golf. Il vient de publier Psychologie du sport et de l’activité physique (Elsevier Masson, 208 pages, 35 euros).

Le titre de préparateur mental est-il reconnu au niveau national ?

La Société française de psychologie du sport accrédite des préparateurs mentaux et des psychologues, mais le titre n’est pas encore reconnu au niveau national. A chaque fois qu’on avance en parvenant à faire comprendre cette nécessité au ministère, généralement le ministre change. Cela fait des années qu’on essaie d’expliquer que les psychologues doivent être respectés, car ils sont garants de la santé mentale, mais ils n’ont pas forcément les connaissances dans le sport.

Et inversement, que tous ceux qui travaillent en préparation mentale n’ont pas nécessairement les connaissances en psychopathologie pour détecter les troubles. Leur priorité, c’est la performance et certains oublient de s’occuper de la santé mentale des athlètes. Je ne dis pas qu’un métier est mieux que l’autre. D’ailleurs, généralement, quand ça se passe bien, les deux travaillent ensemble : il y a un préparateur mental et un psychologue, au même titre qu’un kinésithérapeute et un préparateur physique.

Qu’en est-il à l’étranger ?

Au Canada, par exemple, il y a des conseillers en performance mentale, qui ont une habilitation différente du titre de psychologue, et le titre de psychologue du sport ne peut pas être utilisé si l’on n’est pas psychologue. Aux Etats-Unis, cela dépend de chaque Etat. Il y a une réglementation aussi en Australie, en Angleterre, en Allemagne… La France est extrêmement en retard parce qu’il n’y a pas de volonté d’éduquer les entraîneurs.

C’est-à-dire ?

Aujourd’hui, en France, quel que soit le type de formation pour devenir entraîneur, la psychologie du sport est pratiquement inexistante et le contenu des formations n’est pas à jour. Pourquoi ? Parce que les articles disponibles sur le sujet sont rédigés en anglais, et donc peu lus, les formateurs lisent avant tout ceux de vulgarisation en français, ce qui donne lieu à des raccourcis. Il faudrait que les formations dispensées soient adossées à la recherche : si on comprend d’où viennent les contenus que l’on apprend, ou que l’on doit enseigner, on sait si c’est valide ou pas sur la base de publications scientifiques.

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