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Niger : après le temps de la condamnation de la junte, celui de la conciliation

Le colonel Mamane Sani Kiaou, le général Moussa Salaou Barmou et le colonel Ibroh Bachirou, tous trois membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), à Niamey, le 10 septembre 2023.

Les militaires au pouvoir à Niamey sont de moins en moins isolés. Alors que les derniers soldats français ont quitté le Niger vendredi 22 décembre, plusieurs Etats affichent leur volonté de resserrer leurs liens avec les autorités de transition. Dernier en date, le Maroc, qui samedi 23 décembre a reçu à Marrakech le chef de la diplomatie nigérienne Bakary Yaou Sangaré, ainsi que ses homologues du Mali, du Burkina Faso et du Tchad. Une initiative rare depuis que ces quatre pays ont connu un changement de dirigeant, notamment pour Bamako, Ouagadougou et Niamey, mis au ban de la communauté internationale depuis qu’ils sont dirigés par des putschistes.

L’objectif du Maroc : lancer une initiative Atlantique « pour favoriser l’accès des Etats du Sahel à l’océan Atlantique, Nous proposons le lancement d’une initiative à l’échelle internationale », ajoutant que « le Maroc est prêt à mettre à leur disposition ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires pour soutenir cette initiative », explique un communiqué de l’agence marocaine de presse, la MAP. Interrogé par la télévision Medi1 TV, le ministre nigérien des affaires étrangères a ajouté que cela serait accompagné de « facilités » en matière de taxes « à l’importation et à l’exportation ». Bakary Yaou Sangaré s’est félicité de l’attitude du royaume : « Le Maroc ne veut pas faire les choses à notre place, ce n’est pas comme tous les autres pays qui viennent avec des projets tout faits. » Une allusion à peine voilée aux aides au développement fournies par les Occidentaux, et en particulier français.

Agissant à l’opposé de Paris – avec lequel Rabat entretient d’ailleurs des relations tumultueuses –, mais aussi de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Maroc mène une diplomatie aussi discrète qu’active vis-à-vis des Etats putschistes, alors qu’il ne cesse d’accroître ses investissements en Afrique subsaharienne. Comme il l’avait fait avec le Mali en 2021 et le Burkina Faso en 2022, il s’est abstenu de condamner le coup d’Etat de juillet 2023.

Même des Etats qui s’étaient montrés parmi les plus fermes lors du putsch d’Abdourahamane Tiani se font désormais conciliants envers Niamey. Le président béninois, Patrice Talon, a fait part, jeudi, de sa « volonté de voir se rétablir rapidement les relations entre le Bénin et les pays où des coups d’Etat sont intervenus ». « Il y a un temps pour condamner, un temps pour exiger et un temps pour faire le point et prendre acte », a affirmé le chef de l’Etat béninois.

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