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« De sérieuses réserves existent sur la méthode envisagée par les pouvoirs publics en matière d’affichage environnemental »

L’affichage dit « environnemental », développé dans le cadre de la loi Climat et résilience de juillet 2021, doit conduire à éclairer l’actuelle jungle de labels par des scores certifiés ou « éco-scores » apposés sur chaque produit ou service pour permettre au consommateur d’en évaluer l’impact sur l’environnement en se dégageant des pièges du greenwashing.

Mais dans un contexte de marche arrière sur les politiques publiques environnementales européennes, les pouvoirs publics français pourraient prendre dans les prochaines semaines des arbitrages précipités concernant les modalités de cet affichage environnemental. En effet, le projet de méthode de calcul officielle se trouve être en porte-à-faux avec une partie de la recherche publique française, notamment en agronomie systémique et en écologie.

Nous nous réjouissons que l’Etat déploie ce dispositif d’affichage environnemental et s’en porte garant. Seulement, derrière la gommette qui indiquera l’impact d’une pizza ou d’un trajet en avion, des questions doivent trouver réponse : Comment ont été fabriqués ces scores ? Qui garantit la fiabilité du calcul ? L’indication est-elle crédible ?

L’intensification agricole justifiée

Chiffrer ainsi l’impact de nos activités sur l’environnement n’est pas évident. Cela n’a jamais été réalisé auparavant et à si grande échelle. Or, au stade actuel, de nombreuses et sérieuses réserves sont émises sur la méthode envisagée par les pouvoirs publics, aussi bien par des scientifiques que par la Commission européenne.

Parmi la diversité des possibles, c’est la méthodologie dite « analyse de cycle de vie » (ACV) qui a été poussée sur le devant de la scène, promue par les organisateurs de l’expérimentation française en synergie avec les travaux de scoring environnemental à l’échelle européenne PEF (Product Environmental Footprint [méthode d’empreinte environnementale de produit]). Ce socle méthodologique ACV-PEF a été défendu comme « la » solution au problème de calcul du score environnemental. Il sert donc de socle de calcul dans le simulateur de score gouvernemental Ecobalyse.

La méthode ACV-PEF était prometteuse du fait de sa standardisation (elle est certifiée ISO 14040) lui fournissant une réputation internationale. Mais sa mise à l’épreuve en situation réelle a révélé le pot aux roses : les notes générées pour les produits des secteurs agricoles et textiles, partagées au cours de l’expérimentation française de 2021, ont fait tomber de leurs chaises de nombreux agronomes et écologues (en plus des associations et ONG environnementales à l’échelle française et européenne).

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