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Sur son projet de loi immigration, le gouvernement oppose le Parlement aux Français

« Les Français (…) soutiennent très largement notre texte, (…) attendent que nous prenions des mesures fortes pour réduire l’immigration illégale et pour mieux intégrer les personnes que nous choisissons d’accueillir », scandait la première ministre Elisabeth Borne, le 12 décembre, lors des questions au gouvernement. Devant l’Assemblée nationale, au lendemain d’une motion de rejet sur son projet de loi immigration, le gouvernement s’évertuait à opposer les parlementaires aux Français.

« Ce qu’on fait une majorité de députés (…), c’est se mettre d’accord pour que les Français n’aient pas le texte qu’ils souhaitent », a aussi vilipendé le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. « Les Français ont envie de ce texte, ils le disent dans tous les sondages », avançait encore le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, sur France Inter, le 14 décembre.

Le Parlement contre la volonté populaire ? « Le soutien de l’opinion est toujours une ressource intéressante à mobiliser, convient Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’institut de sondage IFOP. Mais le gouvernement ne convoquait pas l’opinion quand celle-ci était largement défavorable à la réforme des retraites ou à la suppression de l’ISF [impôt de solidarité sur la fortune]. »

Reste que sur les grandes lignes de son texte, la Macronie peut se targuer d’avoir les sondages pour elle. « Ce sont 86 % des Français qui sont favorables, par exemple, à l’expulsion des délinquants étrangers à l’issue de leur peine de prison », citait le 12 décembre dans l’Hémicycle Philippe Pradal, député Horizons des Alpes-Maritimes, en reprenant un sondage IFOP réalisé pour le magazine d’extrême droite Livre noir.

Instruments « pas neutres »

« Les sondages vont à peu près tous dans le même sens, abonde Jérôme Fourquet. Le grand public n’a pas forcément une idée très précise du texte, qui lui-même a évolué au fil du temps, mais il y a une adhésion assez majoritaire de la population sur deux choses : d’un côté, la nécessité de mieux contrôler les flux et, de l’autre, la régularisation des sans-papiers. » Ce qui correspond, à l’origine, à la présentation des deux grandes lignes force du texte par le gouvernement, bien qu’il soit passé de moins de trente à près de cent articles lors de son adoption par le Sénat, charriant notamment des mesures sur l’accès aux prestations sociales, le durcissement du regroupement familial ou la remise en cause du droit du sol.

« Il faut se souvenir que les sondages ne sont pas des instruments neutres, met par ailleurs en garde Vincent Tiberj, sociologue à Sciences Po Bordeaux. Selon la question que l’on pose, on peut sous-estimer ou surestimer les opinions xénophobes. Et les access panels [panels en lignes constitués d’internautes disponibles pour répondre aux sondages] ont tendance à surestimer les opinions de droite. On l’a vu pendant l’élection présidentielle. »

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