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Fin du bonus à l’achat de voitures électriques en Allemagne : « On peut difficilement faire plus brutal »

Des Renault Zoé chez un concessionnaire automobile à Kempten, en Allemagne, le 4 avril.

Les seize juges du Tribunal fédéral constitutionnel de Karlsruhe, en Allemagne, ne se sont pas fait que des amis, le 15 novembre, en rejetant le budget du gouvernement. Ils ont estimé que l’exécutif n’avait pas le droit d’utiliser une réserve de soixante milliards d’euros constituée pour la crise liée au Covid-19 à d’autres usages budgétaires. Conséquence, un trou de plus de dix-sept milliards d’euros dans le budget 2024 qu’il a fallu combler en urgence avec des coupes dans les dépenses. On en connaît désormais la première victime, l’industrie automobile allemande. Et derrière, les consommateurs qui rêvaient de s’acheter une voiture électrique, ainsi que la politique environnementale tout entière.

Samedi 16 décembre, le gouvernement a annoncé qu’à partir du lundi 18 décembre les bonus à l’achat de voitures électriques (jusqu’à 4 500 euros par véhicule) seraient supprimés. On peut difficilement faire plus brutal. Depuis 2016, Berlin a dépensé près de dix milliards d’euros pour subventionner l’achat de plus de deux millions de voitures électriques.

La nouvelle ne pouvait arriver à un plus mauvais moment. Partout dans le monde, les ventes de voitures électriques ralentissent sérieusement et les prévisions pour 2024 ne sont pas bonnes. La conjoncture et les restrictions sur les politiques de bonus sont en train d’assécher le marché. Certes, celui-ci progresse encore en cette fin d’année en Europe et la part de l’électrique a désormais dépassé le diesel, mais l’association des constructeurs européens s’attend à une croissance globale du marché beaucoup plus faible en 2024. La décision allemande n’arrangera pas les choses. Mais elle ne sera pas la seule. La restriction aux voitures européennes du bonus français devrait également ralentir les ventes. Déjà, depuis deux mois, les remises, souvent de plus de 10 %, sont de sortie un peu partout pour réveiller le marché.

Les stocks s’accumulent

Le pire se produit aux Etats-Unis où la carence d’infrastructures détourne les acheteurs. Ford a annoncé, début décembre, la réduction de moitié de l’objectif de production de son modèle électrique phare, le pick-up F150 Lightning, car les stocks s’accumulent. Ils sont de quatre mois dans l’industrie américaine, et même de huit mois pour la Ford Mustang électrique.

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L’affaire est grave car c’est tout l’édifice de soutien à la transition énergétique qui est en jeu s’il n’est pas considéré comme prioritaire dans les arbitrages budgétaires. On le voit en Allemagne, qui ne tiendra probablement pas son objectif de vendre quinze millions de voitures électriques d’ici à 2030. Quant à l’impératif de réindustrialisation « verte », accompagné d’une petite touche de protectionnisme, il n’est pas démontré, loin de là, qu’il soit compatible avec les ambitions climatiques de l’Europe.

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