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Serbie : le président Vucic revendique la victoire de son parti aux législatives, les résultats définitifs attendus lundi soir

Le président serbe, Aleksandar Vucic, au siège de son parti, le SNS, à Belgrade, le 17 décembre 2023, après les estimations des sondages de sortie des urnes des élections législatives.

Le président serbe, Aleksandar Vucic, a revendiqué, dimanche 17 décembre au soir, la victoire de sa formation, le Parti progressiste serbe (SNS, droite nationaliste), aux élections législatives, dont il sortirait même renforcé. « Nous aurons la majorité absolue au Parlement, avec 127 sièges » sur 250, a-t-il déclaré, confiant, en conférence de presse, en se fondant sur 76 % des bulletins dépouillés. Lors de la précédente législature, le SNS avait 120 sièges.

Omniprésent dans les médias, le président était de toutes les affiches, faisant de ces élections législatives et locales un référendum sur sa personne. « Mon travail était de tout faire en mon pouvoir pour que vous obteniez la majorité absolue au Parlement », a-t-il d’ailleurs déclaré dimanche soir, « très fier » de la campagne menée.

Les résultats officiels ne sont pas attendus avant lundi soir, a rappelé l’opposition unie sous la bannière La Serbie contre la violence (SPN), qui remporterait 23,5 % des voix, selon les estimations. La coalition, née des manifestations monstres qui ont secoué le pays dès mai, après la mort de dix-neuf personnes dans deux fusillades − dont une dans une école primaire − n’a eu de cesse de dénoncer une campagne biaisée, entachée, selon elle, de fraudes.

Une équipe d’observateurs attaquée

Marinika Tepic, cheffe de file de la liste SPN, a fustigé une « production d’électeurs qui ne vivent ni en Serbie ni à Belgrade, et qui constituent une violation flagrante de la loi ». « Nous utiliserons tous les moyens légaux et démocratiques pour défendre la volonté des Belgradois et des citoyens dans toute la Serbie », a-t-elle ajouté. Son colistier, Radomir Lazovic, avait dès dimanche matin évoqué des irrégularités, affirmant qu’il s’agissait peut-être « du processus électoral le plus sale », évoquant des « achats de voix, fausses signatures… ». L’opposition a aussi affirmé que des bus entiers étaient arrivés à Belgrade pour y faire voter des non-résidents.

« La plus grande préoccupation est causée par le plus grand nombre d’électeurs amenés d’autres endroits à Belgrade », a expliqué le Centre pour la recherche, la transparence et la responsabilité (CRTA), dont une équipe d’observateurs a affirmé avoir été attaquée à Odzaci (Nord-Est), « après avoir enregistré un cas de corruption électorale où des dizaines de bulletins de vote ont été apportés aux bureaux des partis politiques ».

Des accusations que la première ministre, Ana Brnabic, a balayées lors d’une conférence de presse dans la soirée. Dans un exercice dont est aussi coutumier le président, elle a égrené des « unes » de la presse non acquise au SNS, les accusant de chercher à semer le chaos avec des mensonges.

Lors des dernières élections législatives, couplées à une présidentielle et des municipales, en avril 2022, le SNS et ses alliés avaient remporté 120 des 250 sièges au Parlement, et M. Vucic avait été réélu pour un second mandat. Mais après les fusillades de mai, l’opposition a réclamé de nouvelles législatives, que M. Vucic a convoquées au début de novembre, en espérant renforcer sa mainmise.

Electeurs fantômes

Dans une campagne très courte, l’opposition a prôné « une vie sans peur des puissants », une société apaisée et une amélioration de la situation économique, dans un pays durement frappé par l’inflation, en particulier sur les prix de l’alimentation. Le taux d’inflation annuel a dépassé 15 % au printemps, avant de tomber à 8 % en novembre.

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Le président a, lui, promis dans les années à venir une hausse du salaire moyen pour atteindre 1 400 euros, et une augmentation des pensions de retraite à 650 euros. En septembre, le salaire médian dans le pays était de 560 euros.

La campagne a aussi fini de consacrer le retour en politique de figures ultranationalistes du passé, dont notamment Vojislav Seselj, ex-mentor politique d’Aleksandar Vucic quand il était encore membre du Parti radical serbe (extrême droite), puis condamné pour crimes contre l’humanité par la justice internationale. Il est aujourd’hui allié du SNS pour les élections locales à Belgrade.

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C’est dans la capitale que l’opposition espère encore marquer des points, dénonçant là aussi des irrégularités. « On estime que jusqu’à 20 000 électeurs fantômes ont été importés en Serbie pour voter pour le SNS aux élections locales à Belgrade », a affirmé Djordje Miketic, candidat sous la bannière de la Serbie contre la violence, et dont une vidéo intime a été diffusée à quelques jours de l’élection sur une chaîne proche du pouvoir. « Nous appelons tous les acteurs politiques en Serbie et la communauté internationale à ne pas garder le silence face à ce vol brutal, et nous disons aux citoyens d’être prêts à défendre leur volonté électorale », a-t-il ajouté.

Les élections de dimanche étaient suivies par plus de 5 500 observateurs − serbes et étrangers −, un chiffre jamais vu en Serbie. Une conférence de presse des observateurs internationaux doit se tenir lundi après-midi.

Le Monde avec AFP

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