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Pourquoi les oiseaux chantent tout le temps

Un diamant mandarin mâle, dans le Queensland (Australie).

Nous le savons tous : nous ne sommes pas égaux devant le chant. Là où les voix de Maria Callas ou de Freddie Mercury déclenchent une émotion immédiate et attirent les foules, c’est bâillonné au pied d’un chêne qu’Assurancetourix finit la soirée. Une histoire de don, bien sûr. Mais aussi de travail, vous assureront les chanteurs. « C’est ce qu’ils disent, concède Iris Adam, maître de conférences en biologie à l’université du Danemark du Sud. Mais nous n’avons aucune preuve scientifique, sur aucune espèce, que la performance vocale impose un entraînement musculaire régulier. » La chercheuse devrait ici s’exprimer au passé. Car, dans un article publié le 12 décembre dans la revue Nature Communications, elle et ses collaborateurs danois, suédois, néerlandais et américains viennent d’apporter la preuve que, pour les diamants mandarins, bien chanter nécessite de s’exercer chaque jour.

Pourquoi les diamants mandarins ? « D’abord parce qu’aucun chanteur ne vous laissera faire des prélèvements de tissus dans son larynx », explique la chercheuse. Pour être tout à fait transparent, les 79 mâles étudiés à l’université du Danemark du Sud n’ont pas non plus donné leur accord. Mais disons que leur participation a fait avancer la science… Autre intérêt : le diamant mandarin mâle émet un chant particulièrement modulé qui en a fait un animal modèle en la matière. Enfin, ces oiseaux ne cessent de chanter. Pour impressionner leurs futures partenaires, pour défendre leur territoire, pour maintenir des liens sociaux. Ou pour rien, du moins en apparence. Même seuls, ils ne se contentent pas de respirer et de crier : ils chantent.

Pour étudier le rôle de l’entraînement, les scientifiques ont profité du fait que les oiseaux disposent de deux circuits neuromusculaires parallèles, un par hémisphère. En coupant l’un des deux circuits, ils ont constaté qu’en deux jours les muscles vocaux perdaient 50 % de leur volume et de leur tonus. Mais qu’arrivait-il si on les privait de la seule capacité de chanter ? Pour cela, il suffit de les maintenir dans le noir. Ils appellent, mais ne chantent plus. Là encore, les scientifiques ont constaté une perte de la moitié de leur efficacité musculaire : toujours 50 %, mais cette fois en sept jours. Une chute d’une rapidité qui a étonné l’équipe de recherche.

Les femelles choisissent les bons chanteurs

Restait à savoir si cette baisse de performance allait avoir des conséquences. Après tout, Françoise Hardy ou Alain Souchon, adulés par leurs fans, n’ont jamais brillé par leur volume sonore. Les chercheurs ont donc proposé à treize femelles de « choisir » entre deux chants diffusés en play-back. D’un côté, l’oiseau avant sa semaine dans le noir ; de l’autre, le même, mais après. Et, dans 75 % des cas, ces dames ont opté pour le premier. « Un résultat fascinant obtenu au terme d’expériences particulièrement rigoureuses », salue Nicolas Mathevon, professeur de bioacoustique à l’université de Saint-Etienne.

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