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La vigne était cultivée en Italie bien avant l’arrivée des Grecs

Vue de l’intérieur de la grotte de Pertosa (Italie).

Avant d’occuper, grâce au vin, une place essentielle dans la religion et le commerce antiques, la viticulture a connu des débuts difficiles. Diverses tentatives d’implantation, marquées par des essais d’association ou d’hybridation avec la flore sauvage, auraient accompagné à l’âge du bronze la diffusion de cette pratique agricole en Méditerranée occidentale. Une équipe franco-italo-britannique vient d’en apporter la preuve en combinant des méthodes génétiques et morphométriques.

Francesco Breglia, de l’université de Padoue, et ses collègues ont séquencé l’ADN et analysé la forme en 3D de cinquante-cinq pépins de raisin découverts sur le site archéologique de la grotte de Pertosa, près de Naples (Italie). Ils affirment, dans Scientific Reports, non seulement que la vigne domestique a commencé à être exploitée dans la péninsule italienne bien avant l’installation des premières colonies grecques dans la région (VIIIe siècle av. J.-C.), mais que, les cépages utilisés étant proches de ceux cultivés de nos jours dans les Balkans, son emploi a probablement résulté d’une introduction à partir de la partie est du bassin méditerranéen.

L’origine de la vigne compte parmi les grands mystères de l’histoire de l’humanité. S’appuyant sur des données génétiques, des biologistes ont avancé l’hypothèse d’une double domestication survenue entre l’Asie occidentale et le Caucase, suivie d’une lente progression vers l’ouest. « Mais retracer les étapes de cette diffusion se révèle difficile. Il n’y a pas de texte. Le matériel archéologique à même de témoigner d’une activité viticole est quasi inexistant. Et pour compliquer le tout : la vigne domestique a fait l’objet de multiples hybridations avec la vigne sauvage », explique Laurent Bouby, ingénieur de recherche CNRS à l’Institut des sciences de Montpellier.

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D’où l’intérêt de l’archéobotanique. En analysant la forme géométrique et l’ADN des pépins de raisin archéologiques et en procédant à des comparaisons avec des échantillons actuels, les spécialistes de cette discipline peuvent distinguer vigne sauvage et vigne domestique et mettre en relation les anciens cépages avec les variétés contemporaines. Du moins lorsque les restes sont en bon état. Ce qui est rare, les graines anciennes étant souvent récupérées carbonisées…

Présentation de pépins de raisin gorgés d’eau provenant de la grotte de Pertosa (Italie).

Tel n’est pas le cas de celles trouvées gorgées d’eau dans la grotte de Pertosa. « Localisé en Campanie, ce site où furent découverts des débris d’habitation sur pilotis et des artefacts de facture mycénienne est traversé par une rivière près de laquelle nous avons trouvé les pépins, datés des années 1450 à 1200 av. J.-C., que nous avons utilisés pour notre étude », résume Girolamo Fiorentino, archéobotaniste à l’université du Salento, à Lecce.

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