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Deux quotidiens en crise à La Réunion

Dans une boulangerie de Saint-Denis, sur la côte nord de l’île de la Réunion, le 3 août 2015.

La presse quotidienne de l’île de La Réunion verra-t-elle le printemps 2024 ? Ses deux titres régionaux sont plus que jamais en sursis. L’érosion des ventes en kiosque, le recul du marché publicitaire et l’inflation, bien plus importante qu’en métropole, fragilisent les deux entreprises.

Le Quotidien de la Réunion, à la ligne éditoriale progressiste, vient de voir sa demande de poursuite d’activité de trois mois supplémentaires, jusqu’au 4 avril 2024, validée par le tribunal de commerce de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ce mercredi 13 décembre. Le titre, fondé en 1976, placé en liquidation-cession depuis le début du mois d’octobre, a encore un peu de temps pour trouver un repreneur. Le répit est lié à l’octroi d’une subvention exceptionnelle de 600 000 euros par le conseil régional, début décembre.

Le second, plutôt conservateur, le Journal de l’île de la Réunion (JIR), ne va pas mieux. Il pourrait déposer le bilan le 10 janvier 2024, selon nos informations. Les paies de décembre et le treizième mois ne devraient être versés que le 15 janvier, et le seraient ainsi par le régime de garantie des salaires. Le PDG du titre, Jacques Tillier, qui a des relations exécrables avec Huguette Bello, la présidente de la région (apparentée Nouvelle Union populaire écologique et sociale), est en colère de ne pouvoir toucher la même aide alors que le JIR totalise 108 salariés, contre 53 pour Le Quotidien. Tandis que Mme Bello demandait, mercredi, « la transparence » sur l’utilisation de la précédente subvention régionale, M. Tillier a tancé « un communiqué (…) stalinien qui transpire la mauvaise foi ».

Alors que les regards des salariés du Quotidien se tournaient vers l’armateur Rodolphe Saadé, à la tête de la CMA-CGM (également propriétaire de La Provence et de Corse-Matin), ou le fondateur de Free, Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde et de France-Antilles par le biais de sa holding NJJ), aucun des deux milliardaires n’a fait d’offre de reprise. Comme l’avait révélé La Correspondance de la presse, une seule offre, celle de Media Capital, portée par son PDG, Henri Nijdam, avait été présentée quelques heures avant la date butoir, à la mi-novembre.

« Le tour de table est très avancé »

Celle-ci a été jugée irrecevable par l’administrateur judiciaire pour plusieurs raisons. « Tout le business plan est basé sur la reprise des deux quotidiens alors qu’un seul est à vendre et placé en procédure collective aujourd’hui », explique Edouard Marchal, du Syndicat national des journalistes (SNJ). Aussi, M. Nijdam ne veut pas régler la clause de cession – dispositif qui permet aux journalistes de quitter leur entreprise tout en touchant leurs indemnités de licenciement – et conditionnait encore il y a quelques semaines la reprise à l’obtention d’un prêt garanti par l’Etat d’un million d’euros, alors que le dispositif n’existe plus.

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