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La célébration de Hanoukka à l’Elysée constitue-t-elle une atteinte à la laïcité ?

La scène n’a duré que quelques secondes, mais elle suscite déjà un immense tollé politique. Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux par le rabbin Mendel Samama, on aperçoit ainsi le grand rabbin de France, Haïm Korsia, allumer une bougie de Hanoukka, au premier jour de la Fête des lumières célébrée par la communauté juive. Un chant juif traditionnel est ensuite entonné.

Problème : la scène se déroule au sein de la salle des fêtes du palais présidentiel et sous les yeux du chef de l’Etat, à l’issue d’une rencontre organisée jeudi soir à l’Elysée entre Emmanuel Macron et les membres de la Conférence européenne des rabbins (CER).

En ce vendredi 8 décembre, veille du jour anniversaire de la loi de 1905, beaucoup y voient une entorse manifeste au principe de la laïcité, au sein même du plus haut lieu de la République.

Quels sont les arguments des différents camps ?

« Samedi, nous célébrerons la date anniversaire de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Ce soir, Macron la foule aux pieds en organisant une cérémonie religieuse à l’Elysée », s’est par exemple indigné le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, sur X, fustigeant une « faute politique impardonnable ». « L’Elysée n’est pas un lieu de culte (…). On ne transige pas avec la laïcité », a également déclaré jeudi soir la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, sur X.

« Comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l’antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l’unité nationale, et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel ? A ma connaissance, c’est une première. Contraire à la laïcité », s’est aussi offusqué le maire (Les Républicains) de Cannes, David Lisnard.

« Si le président de la République s’était prêté à un geste cultuel, ou avait participé à une cérémonie, ce ne serait pas respectueux de la laïcité. Mais ça ne s’est pas passé », s’est pour sa part défendu Emmanuel Macron, interrogé sur le sujet en marge d’une visite du chantier de la cathédrale Notre-Dame. Déclarant avoir fait un geste en direction de la communauté juive, dans un contexte de montée de l’antisémitisme, il a appelé à faire preuve « de bon sens et de bienveillance ». « La laïcité, ce n’est pas l’effacement des religions ni s’ingérer dans les religions, c’est une loi de liberté », a-t-il ajouté.

Le chef de l’Etat souligne ainsi que ce n’est pas une « cérémonie » qui a été organisée à l’Elysée, mais qu’il s’agissait de la remise du prix Lord-Jakobovits annuel de la CER, qui récompense la lutte contre l’antisémitisme et la sauvegarde des libertés religieuses – Angela Merkel l’avait reçu en 2013, tout comme le roi Felipe d’Espagne en 2016.

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