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« Le Monde après nous », sur Netflix : la survie des plus médiocres

Clay (Ethan Hawke) et Amanda (Julia Roberts) dans « Le Monde après nous », de Sam Esmail.

« Putain, ce que je déteste les gens » (« I fucking hate people »), déclare Amanda Sandford (Julia Roberts) face caméra, au début du Monde après nous. Pas plus que Clay (Ethan Hawke), son mari, écrivain en panne d’inspiration, Amanda ne peut prétendre au titre d’espoir de l’humanité. Et c’est la piètre qualité de ce matériau humain qui fait tout l’intérêt du film de Sam Esmail, jusqu’ici connu comme créateur et réalisateur de séries (Mr. Robot, Homecoming).

Le scénario d’Esmail, adapté assez librement du roman de Rumaan Alam (Seuil, 2022), permet au film de se muter deux fois. La satire sociale, qui montre un couple de petits-bourgeois de Brooklyn et leurs deux enfants (Farrah Mackenzie et Charlie Evans), une petite fille obsédée par l’idée d’arriver au dernier épisode de Friends, un adolescent obsédé par ce qui obsède les adolescents, arrivant dans la somptueuse maison, tout au bout de Long Island, louée pour le week-end, accédant enfin au luxe qu’ils pensent mériter, devient un thriller. Alors que téléphone, télévision et Internet tombent en rade, un père (Mahershala Ali) et sa fille (Myha’la Herrold) sonnent à la porte en pleine nuit en se présentant comme les propriétaires des lieux. Les pulsions racistes d’Amanda, la lâcheté de Clay font sauter une première couche de civilité.

Failles d’antihéros

Quand la réalité de la situation éclate – une cyberattaque massive qui affecte aussi bien les télécommunications que les systèmes de transport ou d’alimentation en énergie –, ce n’est plus la civilité qui est en péril, mais toute la civilisation. Le Monde après nous se distingue parmi les films apocalyptiques par son insertion dans la chronologie : Sam Esmail préfère s’attacher au moment du basculement plutôt qu’aux efforts des survivants dans un monde déjà dévasté. Pas de transcendance dans l’épreuve non plus. Les failles des héros, abondamment exposées dans la première partie, ne se refermeront pas. La question n’est que de savoir si nos antihéros pourront s’en sortir avec elles.

A charge pour les acteurs de répondre à la question. Julia Roberts est magnifiquement monstrueuse, Ethan Hawke pathétique et répugnant, Mahershala Ali hiératique et fragile. Entre les morceaux de bravoure (ils sont assez réussis pour ne pas les énumérer, tout le plaisir est dans la nouveauté et l’excellence des effets spéciaux numériques), les acteurs esquissent ce que pourrait être le monde d’après. A en croire un magnifique trio entre Ali, Hawke et Kevin Bacon, qui incarne un survivaliste à qui l’histoire a enfin donné raison, les lendemains ne chanteront pas.

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