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Le parquet antiterroriste saisi après l'attaque meurtrière au couteau à Paris

Le parquet antiterroriste (Pnat) s’est saisi de l’enquête sur l’attaque perpétrée samedi soir à Paris, qui a causé la mort d’un touriste allemand. L’assaillant est un Français de 26 ans, déjà condamné en 2016 pour un projet d’attentat. Une réunion sécuritaire s’est tenue dimanche après-midi à Matignon autour d’Élisabeth Borne à la demande d’Emmanuel Macron.

Un touriste allemand a été tué et deux autres personnes ont été blessées, samedi 2 décembre au soir, dans une agression au couteau et au marteau près de la tour Eiffel à Paris, perpétrée par un Français, connu pour islamisme radical et troubles psychiatriques

Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a indiqué avoir ouvert une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Trois personnes de l’entourage de l’assaillant ont été placées en garde à vue dimanche après-midi.

Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard a tenu une conférence de presse dimanche à 19 h 30 au tribunal judiciaire de Paris. Il a notamment indiqué que l’assaillant a fait allégeance au groupe État islamique (EI) dans une vidéo avant son passage à l’acte.

S’exprimant en langue arabe dans cette vidéo, l’assaillant, un Franco-Iranien de 26 ans, apportait « son soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones », a déclaré en conférence de presse Jean-François Ricard. « Cette vidéo était notamment mise en ligne sur son compte X (ex-Twitter) », ouvert début octobre et qui comportait « de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine », selon le magistrat.

Le procureur anti-terroriste a également indiqué que la mère de l’islamiste radical avait signalé fin octobre son inquiétude sur le comportement de son fils « se repliait sur lui-même ».

Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard donne une conférence de presse au lendemain de l'attaque au couteau survenue samedi à Paris.
Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard donne une conférence de presse au lendemain de l’attaque au couteau survenue samedi à Paris. © Capture d’écran France 24

Une réunion sécuritaire s’est tenue dimanche après-midi à Matignon autour de la Première ministre Élisabeth Borne à la demande d’Emmanuel Macron, a annoncé à l’AFP l’entourage du chef de l’État. Sont convoqués à ce rendez-vous les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin, de la Justice Éric Dupond-Moretti et de la Santé Aurélien Rousseau, a-t-on appris de même source.

S’exprimant sur TF1 à l’issue de cette réunion, Gérald Darmanin a réclamé que les autorités « puissent demander une injonction de soins » pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l’acte comme celui de l’assaillant du pont Bir Hakeim.


Interpellé peu après les faits

L’assaillant, né en 1997 de parents iraniens, a été interpellé peu après les faits et placé en garde à vue. Il s’est attaqué à coups de couteau à un homme de nationalité allemande et philippine né en 1999 et s’en est pris à deux autres personnes à coups de marteau, à proximité du pont de Bir-Hakeim enjambant la Seine. 

L’attaque a eu lieu dans l’Ouest parisien, près de la Seine, un peu après 21 heures, et l’homme a été interpellé par des policiers au moyen d’un pistolet paralysant taser, a détaillé le ministre de l’Intérieur Gérarld Darmanin, qui s’est rendu sur place où les forces de l’ordre ont tracé un périmètre de sécurité. « L’assaillant s’en est pris à un couple de touristes », a rapporté Gérald Darmanin. « L’homme est décédé sous les coups de couteau » et l’attaquant « s’en est pris à la femme de ce touriste allemand » mais elle a eu la vie sauve « grâce à un chauffeur de taxi qui a vu la scène ».

L’assaillant a alors traversé le pont. Poursuivi par les policiers, il a manifestement agressé deux autres personnes dont la vie n’est pas en danger : une personne serait blessée d’un coup de marteau au niveau de l’œil et une autre serait particulièrement « choquée », selon le récit de Gérald Darmanin. Les deux blessés sont un Français, âgé d’une soixantaine d’années, et un touriste étranger, a-t-il précisé. La nationalité de ce dernier n’a pas été précisée à ce stade.

Joseph S., 37 ans, manager en grande surface, a assisté à la scène, installé dans un bar en face du pont. Alors qu’il fumait la chicha avec un ami, il a entendu des cris et des gens crier « au secours, au secours » et qui couraient. Il décrit un homme « avec un marteau dans la main » qui agresse un homme. Toujours selon ce témoin, en « 5-10 minutes », la police est arrivée.


Déjà condamné pour avoir planifié une attaque

L’assaillant, âgé de 26 ans et né en France, a crié « Allah Akbar » au moment des faits et aurait dit aux policiers qu’il ne pouvait plus supporter que des musulmans meurent, citant l’Afghanistan ou la situation actuelle à Gaza, a indiqué le ministre.

Il était connu des services de renseignement et de la justice, ayant déjà purgé une peine de quatre ans de prison. « Il les a effectués en 2016 parce qu’il avait déjà voulu passer à une action violente mais qu’il n’avait pas faite parce qu’il avait été interpellé auparavant par la DGSI », a poursuivi Gérald Darmanin.

Cet homme au « profil très instable, très influençable », selon une source sécuritaire à l’AFP, avait été interpellé pour un projet d’action violente à La Défense. Il avait été condamné à cinq ans d’emprisonnement et était sorti après quatre ans de détention, selon cette source.

Sorti de prison en 2020, il vivait chez ses parents en Essonne et serait suivi pour des troubles psychiatriques importants, « même troubles neurologiques », a détaillé Gérald Darmanin. Il avait cessé de prendre son traitement, a affirmé une source sécuritaire à l’AFP.

Selon le magazine L’Obs, il s’était présenté au commissariat après l’assassinat du professeur Samuel Paty en octobre 2020, pour signaler qu’il avait échangé avec l’assaillant Abdoullakh Anzorov sur les réseaux sociaux deux semaines plus tôt. Il ne sera pas poursuivi à l’issue de sa garde à vue, au cours de laquelle il avait affirmé être devenu « anti-islamistes radicaux ou non-radicaux » après son passage en prison. 

 

« Nous ne céderons rien face au terrorisme »

« J’adresse toutes mes condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand décédé ce soir lors de l’attaque terroriste survenue à Paris et pense avec émotion aux personnes actuellement blessées et prises en charge », a écrit Emmanuel Macron sur X.


« Nous ne céderons rien face au terrorisme », a affirmé dimanche la Première ministre Élisabeth Borne sur X. « Mes pensées vont à la victime, aux blessés et à leurs proches. Je salue le courage et le professionnalisme de nos forces de l’ordre et nos services de secours mobilisés », a-t-elle encore écrit.

De nombreuses réactions ont afflué dans la soirée. « Une fois encore le terrorisme a frappé sur notre sol, en pleine soirée, à Paris. J’apporte tout mon soutien aux victimes et à leurs familles », a dit la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet.

La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a adressé ses « pensées pour la personne décédée et les blessés ». « Toute la lumière doit être faite sur cette attaque au cœur de Paris », a-t-elle ajouté.

La ministre allemande de l’Intérieur Nancy Faeser a dénoncé dimanche un « crime abominable ». « L’attaque islamiste au couteau d’un jeune homme à la Tour Eiffel à Paris est un crime abominable. Nos pensées vont à la famille et aux amis de la personne tuée, ainsi qu’aux autres blessés de cet acte horrible », a-t-elle déclaré lors d’une interview au groupe de médias Funke.

Dans un message sur X, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est de son côté dit « bouleversé par l’attaque terroriste à Paris qui a tué un Allemand et blessé plusieurs personnes ». 

L’attaque survient moins de deux mois après celle d’Arras qui a coûté la vie à un enseignant mi-octobre et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal « urgence attentat ». 

Avec AFP et Reuters


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