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Une soirée d’observation au Very Large Telescope dans le désert d’Atacama

Les dômes du Very Large Telescope, à l’aube, en février 2010.

L’après-midi touche à sa fin sur l’Atacama, qui se réchauffe de teintes orangées. Depuis le sommet du Cerro Paranal (2 635 mètres), sur la plate-forme de béton où s’est installé le Very Large Telescope (VLT) il y a un quart de siècle avec ses quatre grands télescopes (8,2 mètres de diamètre) et ses quatre télescopes auxiliaires (1,8 mètre), le regard qui plonge vers la côte chilienne, distante d’une quinzaine de kilomètres, rencontre une mer de nuages cachant le Pacifique. On comprend mieux pourquoi l’Observatoire européen austral (ESO) a choisi ce lieu pour le VLT, au-dessus du plafond des nues, sur un site où 90 % à 95 % des nuits de l’année sont propices à l’observation, avec un ciel sec, stable, pur.

Aucune ville en vue et c’est à peine si on devine, dans le lointain des nuits sans lune, le halo diffus d’Antofagasta, la capitale de la région. Deux vautours, profitant du vent qui remonte la pente, flottent paresseusement le long des dômes encore clos qui protègent les télescopes. Les quatre grands engins portent deux noms. Le premier, technique : Unit Telescope (UT) 1, 2, 3 et 4. Le second, plus poétique, dans la langue des Mapuche, un peuple amérindien qui se répartit entre le Chili et l’Argentine : Antu (le Soleil), Kueyen (la Lune), Melipal (la Croix du Sud) et Yepun (Vénus). L’heure s’approche où ils vont s’ouvrir.

Nous sommes sous la coupole de Yepun, où règne un froid de gueux. « L’air conditionné est réglé pour que la température à l’intérieur du télescope durant le jour soit égale à celle qu’on aura dans la nuit. Cela afin de ne pas créer de turbulences lors de l’ouverture, qui mettraient une éternité à se calmer », explique Juan Carlos Muñoz, astronome espagnol qui a longtemps travaillé au VLT avant de devenir responsable des médias pour l’ESO.

Dans l’attente du rayon vert

Il est l’heure de tester les deux axes du télescope. Tout d’abord l’axe horizontal : le grand miroir, qu’accompagnent deux instruments de part et d’autre, valse doucement. On entend s’approcher le petit « tchou-tchou » des cryopompes qui maintiennent les détecteurs de l’instrument HAWK-I à − 193 °C. Puis est vérifié l’axe vertical, et le lourd miroir se relève comme une assiette à soupe qui se dresserait sur sa tranche. C’est le moment idéal pour ouvrir le dôme. En effet, si un quelconque objet déposé à son sommet par un oiseau ou le vent tombe à l’intérieur du télescope, il ne risquera alors pas d’endommager le précieux miroir. Celui-ci se remet enfin à l’horizontale, et tout le monde doit sortir de la coupole, y compris le technicien qui exécutait les tests.

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