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Matières premières : « Tournesol et roue de la fortune »

A Verfeil (Haute-Garonne), le 8 juillet 2023.

A la fin de l’année, regarde ta rentabilité. Un adage bien connu des céréaliers, qui doivent relancer les dés. Que planter au printemps ? Orge, maïs, colza, tournesol, betteraves… ? Et en quelle quantité ? Il faut savoir miser au mieux au moment des semis. En espérant récolter le plus de blé.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, le tournesol a retrouvé sa place au soleil. En 2022, puis en 2023, les tapis de fleurs dorées se sont pavanés plus largement dans les campagnes françaises. Sur près de 830 000 hectares, plus précisément. Pas de quoi détrôner le roi colza et son 1,3 million d’hectares, juste de quoi pavoiser. Et la chance a souri aux planteurs de tournesol. La météo lui a été favorable.

Résultat, selon le ministère de l’agriculture, la France vient d’engranger, cet automne, sa plus belle récolte de tournesol depuis les années 1990, à 2,1 millions de tonnes. En hausse de près de 20 % par rapport à 2022 et de 36 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les régions traditionnelles de production, l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et le Centre-Val de Loire, ont été les plus favorisées.

Prix en baisse

Bonne pioche pour les rendements. Et pour le prix ? Sans surprise, la fleur dorée n’échappe pas à la glissade générale des cours des huiles. En 2022, avec la déflagration de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le cours du tournesol perdait la boussole. Il se négociait alors à plus de 1 000 euros la tonne, un plus haut historique. Chacun découvrait que l’Ukraine écoulait, à elle seule, plus de la moitié de l’huile de tournesol commercialisée sur la planète. La réouverture du robinet ukrainien a fait couler le cours des oléagineux.

« Le prix du tournesol est passé de 600 euros la tonne au moment des semis, au printemps, à 420 euros la tonne lors de la récolte », précise Arthur Portier, du cabinet Agritel, soulignant que la belle récolte européenne à 10 millions de tonnes et la somme toute correcte collecte ukrainienne à 12,5 millions de tonnes ont pesé sur les marchés. Mais colza comme blé ou maïs se sont tout autant écroulés. Alors, quelle carte agricole fallait-il jouer pour gagner, malgré cette raclée des marchés ? La carte jaune soleil ! Tournesol et roue de la fortune…

Explication arithmétique

Rien d’ésotérique, pourtant. L’explication est simplement arithmétique. Par rapport au colza ou aux graminées, le tournesol est une plante peu gourmande en engrais et en eau, et son cycle plus court nécessite moins de traitements phytosanitaires. Le coût de production s’en trouve réduit. Et en cette année 2023, même si son prix s’est déprécié, cette culture est synonyme de rentabilité. Le tour est joué.

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