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« Le format des courses transatlantiques qui repose sur un imaginaire, un modèle économique et une logistique hérités du XXᵉ siècle est condamnable »

Les régates transatlantiques à la voile font vibrer le public français depuis soixante ans et la célèbre victoire d’Eric Tabarly dans l’Ostar 1964 [Observer Single-handed Trans-Atlantic Race, la Transat anglaise], une course depuis renommée The Transat. Cette course en solitaire préfigurait les événements populaires que sont devenus la Route du rhum ou le Vendée Globe. Ce sport touche un large public : 1,5 million de personnes sont venues admirer les bateaux et le départ de la dernière Route du rhum, soit 2 % de la population française.

Pourtant ces courses transatlantiques sont condamnées.

Navigatrices et navigateurs qui participent aux transats partent généralement de l’Hexagone, traversent l’Atlantique à la voile et arrivent aux Antilles, parfois sur le continent américain. Les athlètes y sont rejoints par leurs équipes techniques et leurs sponsors. Un cortège d’accompagnants traverse l’océan en avion et en masse pour accueillir leurs héros.

L’empreinte carbone de ces nombreux déplacements en avion n’est pas négligeable. Un aller-retour entre la métropole et les Antilles correspond peu ou prou au budget carbone soutenable d’un humain pendant un an, soit deux tonnes d’équivalent CO2. C’est pourquoi les experts, dont ceux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), préconisent une réduction drastique des vols en avion.

La pollution engendrée par les milliers de voyages aéroportés qui accompagnent chaque transat détonne avec l’image du sport voile, une pratique qui repose sur la seule force du vent pour se déplacer au travers des mers et océans. De plus, certains voiliers reviennent par cargo, ajoutant des dizaines de tonnes de CO2 au bilan carbone des équipes.

Les analyses de cycle de vie des bateaux de course, à la durée de vie de plus en plus brève, révèle de nombreux impacts environnementaux, notamment du fait de l’usage de matériaux composites issus de la pétrochimie. Cette dissonance entre l’image de ce sport et la dépendance intense aux énergies fossiles n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg.

Pourquoi les sponsors investissent-ils des centaines de millions d’euros dans des bateaux toujours plus spectaculaires et des courses ultra-médiatisées ? Evidemment pour influencer le comportement du public, ses choix de consommation. Quel secteur économique fait sa publicité en finançant les courses transatlantiques ? Il s’agit de l’industrie du tourisme en avion vers des plages tropicales.

D’autres parcours sont possibles

Ainsi, la région Guadeloupe finance la Route du rhum-Destination Guadeloupe. La région Martinique soutient la Transat Jacques Vabre. Et la Mini-Transat, course initiatique où les futurs professionnels font leurs armes, est sponsorisée cette année par une compagnie aérienne spécialiste des Antilles. Ces courses transatlantiques sont donc, sur le plan économique, des spectacles qui visent à promouvoir le tourisme lointain et l’utilisation de l’avion long-courrier.

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