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Emploi : la lutte contre la discrimination des seniors s’intensifie

Avec le décalage de l’âge légal de la retraite, les seniors vont devoir jouer les prolongations sur le marché du travail. Or, celui-ci continue de les discriminer. C’est du moins le sentiment des 1 500 salariés représentatifs du secteur privé sondés dans le cadre du dernier baromètre de perception de l’égalité des chances en entreprise du Medef, publié en octobre 2023.

La moitié des sondés craignent d’être un jour victimes de discrimination au travail, la première crainte étant liée à l’âge – 41 % le mentionnent – devant l’apparence physique (19 %). La délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) pourrait combler cette faille. Le député Renaissance Marc Ferracci a en effet déposé un amendement au projet de loi de finances 2024 pour élargir les missions de cette instance, et lui donner les moyens de lancer des « testings » sur toutes les catégories, dont les seniors.

Ces opérations consistent à envoyer à des employeurs des CV factices de candidats au profil similaire, en faisant varier un seul critère, et permettent d’évaluer l’ampleur de ce type de discrimination. Mais ils font souvent l’impasse sur la variable de l’âge. « Nous prenons ce sujet à bras-le-corps et allons effectuer en 2024 un premier testing consacré à cette classe d’âge, affirme Marc Ferracci. Notre objectif est de faire évoluer les comportement des entreprises par des amendes ou par le “name and shame” en publiant les noms de celles qui discriminent. »

Persistance de la discrimination par l’âge

Au-delà des perceptions des salariés, la discrimination par l’âge renvoie en effet à une réalité, explique Jean-François Amadieu, professeur de sociologie du travail à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne : « Le rejet des seniors lors des embauches est souvent lié à une apparence moins avantageuse. Un poids excessif, un visage fatigué renvoient à des préjugés sur une supposée moindre performance au travail. »

Un testing, réalisé en novembre 2021 par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, qui dépend du ministère du travail, permet de prendre conscience de l’ampleur du problème. Focalisé sur les discriminations à l’encontre des Maghrébins, il avait consisté à envoyer 9 600 candidatures à des employeurs. Résultat ? Un candidat au « nom à consonnance française » ayant entre 48 et 55 ans a presque trois fois moins de chance d’être rappelé pour un entretien (14 %) qu’un candidat de la tranche 23-30 ans (39 %), toutes choses égales par ailleurs. Et encore, ce testing excluait les plus de 55 ans, qui sont davantage pénalisés…

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