« Un homme d’Etat visionnaire » qui a changé sa vie. Mercredi 29 novembre, Emmanuel Macron a rendu un hommage appuyé à Gérard Collomb, l’ancien maire de Lyon qui joua un rôle crucial dans sa conquête de l’Elysée, lors de ses funérailles en la cathédrale Saint-Jean. M. Collomb est mort samedi, à l’âge de 76 ans.
Au cœur du quartier historique du Vieux-Lyon, plusieurs centaines d’habitants, pour la plupart âgés, des élus de tous bords, des personnalités, des représentants du monde économique et sportif ont fait leurs adieux à celui qui a longtemps incarné la capitale des Gaules avant d’être nommé ministre de l’intérieur du premier gouvernement Macron.
Le cercueil, recouvert du drapeau français, a été solennellement porté vers 11 heures dans la primatiale, où les deux tiers des 1 400 places avaient été réservés aux Lyonnais, une demande formulée par Gérard Collomb lui-même avant son décès.
« Maire bâtisseur, vous avez fait passer Lyon du statut de belle endormie à sublime éveillée », a salué le chef de l’Etat en compagnie de son épouse, Brigitte Macron, avant de saluer le bref passage à l’intérieur de ce soutien de la première heure, son esprit d’analyse et sa « franchise ». « Vous avez aussi changé la vie des Français » et « vous avez, cher Gérard, changé ma vie », a-t-il ajouté, en soulignant qu’il avait été parmi les premiers « à croire en l’émergence d’un bloc central » et à rallier le mouvement En marche ! pour une « épopée fantastique ».
Au pied du parvis, une petite foule a suivi la cérémonie en direct sur écran géant. « Il parlait beaucoup avec les gens, ce n’était pas quelqu’un qui se sauvait », se souvient une retraitée de l’éducation nationale, 63 ans, émue aux larmes, en évoquant ce maire « humain, pour les quartiers populaires ».
Un « franc-parler »
Né le 20 juin 1947 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) d’un père ouvrier métallurgiste et d’une mère femme de ménage, ce militant socialiste a été maire de Lyon de 2001 à 2017, puis de 2018 à 2020, après un bref passage Place Beauvau dans le gouvernement d’Edouard Philippe. « J’admirais, même s’il m’est arrivé d’en faire les frais, sa capacité à réinterroger méthodiquement et implacablement tout ce qui lui semblait mériter un examen plus approfondi », a souligné l’ancien premier ministre, lors de la cérémonie, en louant son « authentique sincérité » et son « franc-parler ».
Sur les bancs de la cathédrale, des politiques de tous bords : l’ancien président socialiste François Hollande, la première ministre, Elisabeth Borne, et plusieurs ministres parmi lesquels Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), ou le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet. L’ancien patron de l’Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas, l’humoriste Laurent Gerra, le basketteur Tony Parker ont également assisté à la célébration présidée par l’archevêque de Lyon, Olivier de Germay.
Dans un hommage très littéraire à cet ancien agrégé de lettres classiques, l’académicien Marc Lambron a décrit Gérard Collomb comme « l’âme de cette ville, parce qu’il était devenu un homme ville à son image ». « Il pouvait être conversant ou tranchant, amical ou consulaire, pratiquant la politique en tacticien impérieux, sentimental et parfois trahi », a-t-il dit. Il était aussi un « homme de pacte et de saveur », un « bâtisseur » qui avait « l’intrépidité d’un moderne et la sagesse d’un édile d’autrefois ». Gérard Collomb sera inhumé au cimetière de Loyasse, à proximité de son prédécesseur à l’hôtel de Ville Edouard Herriot, à qui il vouait une admiration profonde.
Une démission du gouvernement avec fracas en octobre 2018
Lundi et mardi, les Lyonnais ont défilé devant son cercueil exposé à l’hôtel de Ville, où les drapeaux avaient été mis en berne. Elu à la tête de Lyon en 2001 avec le soutien de Raymond Barre, après deux tentatives infructueuses, il avait quitté son bureau à la mairie en 2017 pour rejoindre la Place Beauvau où il a notamment fait passer une loi contestée sur la sécurité et une sur l’immigration.
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Puis il avait quitté avec fracas le gouvernement en octobre 2018, après avoir pointé le manque d’humilité de l’exécutif. « L’hubris, c’est la malédiction des dieux. Quand, à un moment donné, vous devenez trop sûr de vous », avait-il dit.
Privé de l’investiture de La République en marche, il avait échoué à reconquérir la métropole en 2020, battu par les Verts, malgré son ralliement au camp des Républicains. Il avait disparu de la scène politique locale depuis qu’il avait lui-même annoncé son cancer sur les réseaux sociaux, le 16 septembre 2022.