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SpaceX : « Comme toutes les start-up, celles d’Elon Musk progressent par échecs successifs »

A voir les réactions triomphantes de SpaceX et de la NASA qui ont suivi l’explosion, samedi 18 novembre, de la fusée géante Starship, on peut s’interroger sur ce qui sépare le succès de l’échec ? Parfois juste le point de vue. On attribue souvent aux Américains cette faculté de voir le verre à moitié plein, qui les conduit à innover plus facilement, sans la peur d’échouer qui paralyse parfois les Européens, Français en tête.

Depuis plus de cinquante ans, dans la Silicon Valley, on a systématisé cette approche qui consiste à progresser par échecs successifs. Toutes les start-up fonctionnent sur ce modèle. Pas étonnant, puisque la méthode itérative a été théorisée en informatique pour mettre au point des algorithmes qui trouvent la bonne réponse à force de se tromper.

C’est exactement la manière dont procède Elon Musk avec ses entreprises, dont SpaceX, le concepteur de Starship. « Nous développons, nous volons, nous cassons des choses et nous y retournons pour voler à nouveau », explique le vice-président de la construction et de la fiabilité des vols de SpaceX, William Gerstenmaier, dans un entretien à Bloomberg.

Une méthode qui a aussi ses défauts

L’avantage de cette approche est qu’elle autorise toutes les audaces. En avril, le premier vol de Starship, plus grosse fusée jamais construite au monde, capable d’emporter 100 tonnes de marchandises et des hommes dans l’espace, s’est soldé par la destruction de la fusée au bout de trois minutes, au moment de la séparation du premier étage, mais aussi par un pas de tir complètement détruit et dont les flammes ont mis le feu à une forêt avoisinante. Bonne nouvelle ! Nous savons ce qu’il faut améliorer.

Sept mois plus tard, SpaceX a complètement modifié le pas de tir, en le noyant sous des trombes d’eau au moment du décollage, et le système de séparation des deux étages. Et cela a marché. Le module Starship a atteint les confins de l’espace, à 100 kilomètres d’altitude. Mais les deux composantes de la fusée, le premier étage et le module, qui étaient supposées revenir sur Terre pour réutilisation, se sont désintégrées. Une nouvelle occasion d’amélioration.

Evidemment, cette méthode, dite aussi du « test and learn » (« tester et apprendre »), a quelques défauts. Elle coûte cher. Un seul lancement est facturé plus de 500 millions de dollars (458 millions d’euros). Mais la NASA est généreuse et a prévu un budget de près de 10 milliards de dollars pour faire revenir des hommes sur la Lune avant la fin de la décennie. Et puis la pratique peut conduire à des excès puisqu’elle autorise à tout tenter, parfois même en dehors de toute légalité, comme l’ont expérimenté Uber ou Airbnb. La route de l’innovation n’est pas un long fleuve tranquille et se moque des règles et des principes de précaution.

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