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COP28 : l’ombre des lobbys fossiles plane toujours sur la conférence climat

Des affiches représentant Sultan Al-Jaber, président de la COP28 et de la compagnie pétrolière Adnoc, à Bonn (Allemagne), le 8 juin 2023, pendant la session intermédiaire des négociations climatiques.

A grand renfort de déclarations soigneusement pesées et de « lettres aux parties » équilibrées, le président de la prochaine conférence sur le climat (COP28), Sultan Al-Jaber essaye de donner des lueurs d’espoir aux défenseurs de la cause climatique : le sommet qui s’ouvre jeudi 30 novembre à Dubaï, aux Emirats arabes unis, ne sera pas celui des lobbys pétroliers. Pourtant, mois après mois, des ombres viennent ternir cette communication. En juin, le quotidien britannique The Guardian révèle que la présidence de la COP s’est servie des serveurs de la principale compagnie pétrolière émiratie, Adnoc, pour envoyer et recevoir des e-mails. L’entreprise a donc pu consulter les messages destinés à la présidence. Une proximité dérangeante alors que la nomination de Sultan Al-Jaber, la principale figure de cette COP, avait été très critiquée à cause de sa double casquette : il préside aussi la compagnie pétrolière nationale.

Début novembre, le fil anglophone de l’Agence France-Presse démontre, après la consultation de documents internes, que le puissant cabinet de conseil McKinsey aide l’équipe de M. Al-Jaber à préparer le sommet en proposant des scénarios de transition énergétique, comme la réduction de la part du pétrole de 50 % en 2050. Une trajectoire en totale contradiction avec les alarmes des scientifiques. Omnipotent, McKinsey travaille aussi pour de nombreuses multinationales des énergies fossiles. Une autre forme de mélange des genres.

A chaque fois, la présidence de la 28conférence sur le climat a réagi rapidement. Sans rien nier. Sur la première affaire, quelques jours après l’article du Guardian, son bureau a simplement affirmé avoir changé ses serveurs informatiques pour ne plus passer par ceux d’Adnoc. Sur la seconde information, l’équipe de M. Al-Jaber, contactée par Le Monde, assume dans une réponse lapidaire travailler avec la société de conseil : « McKinsey soutient la COP28 en fournissant des informations et des analyses de façon bénévole. » Egalement interrogé, le cabinet McKinsey, qui avait déjà aidé les présidences de la COP15 à Copenhague et de la COP26 à Glasgow, affirme soutenir les équipes émiraties « en fournissant des informations et des analyses stratégiques », se disant « convaincu » qu’atteindre la voie de la neutralité carbone « nécessite une collaboration avec des entreprises du secteur privé, des secteurs à fortes émissions et l’ensemble de la communauté mondiale ». Selon nos informations, des membres d’une autre entreprise de conseil, BCG, offre un « appui technique » aux équipes de la présidence.

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