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Dans le Vieux Lyon, la présence oppressante de l’ultradroite

Pendant une manifestation de militants identitaires, devant le palais de justice de Lyon, le 12 septembre 2020.

La porte bleue détonne sur la volée d’escaliers qui relie le Vieux Lyon aux premières hauteurs de Fourvière. Elle est blindée, souvent taguée, comme la façade – les voisins râlent, ça coûte cher à la copropriété. La vitre en surplomb a été étoilée par un jet de projectile. Elle porte une enseigne, un lion héraldique en colère, une épée entre les pattes, et ces quelques mots : « La Traboule – Maison de l’identité ». Elle ouvre sur un bar associatif, avec en sous-sol une salle de boxe, « identitaire » elle aussi, L’Agogé. En fin de semaine, le local invite à la « traditionnelle soirée enracinée du vendredi soir ». « Entre patriotes », précise sur Facebook le groupe Les Remparts Lyon, qui a repris l’affaire après la dissolution, en 2021, du mouvement d’extrême droite Génération identitaire. Il faut être à jour de cotisation pour répondre à l’invitation, et Le Monde a dû se contenter des impressions d’un habitant du quartier : « Des jeunes qui tiennent des conversations de bar, font des blagues sur les juifs, les Arabes et les gauchistes. »

L’homme parle aisément de ces voisins encombrants, mais s’interrompt brièvement quand un inconnu dévale les escaliers à hauteur de l’établissement. « On ne sait jamais, avec eux… » « Eux », ce sont ces sympathisants de l’ultradroite qui semblent avoir fait du Vieux Lyon une sorte de zone à défendre. De 400 à 500 personnes dans l’agglomération lyonnaise, selon les estimations les plus fiables. « Beaucoup plus qu’à Paris en proportion », calcule Alain Chevarin, auteur de Lyon et ses extrêmes droites (La Lanterne, 2020). Si les Lyonnais n’ont élu aucun représentant de l’extrême droite, leur ville, rappelle M. Chevarin, « présente la caractéristique unique en France d’avoir accueilli toutes les tendances de l’extrême droite ».

Samedi 11 novembre, quatre étudiants ont porté plainte, se disant victimes d’une agression, dans la nuit, à hauteur de La Traboule. Une jeune femme s’est vu prescrire trois jours d’interruption temporaire de travail. Pas très loin de là, dans une autre rue du Vieux Lyon, une conférence organisée par le Collectif Palestine 69 dans les locaux de la Maison des passages a été violemment perturbée le même jour, en fin d’après-midi. Une cinquantaine de personnes ont tenté de forcer une porte à coups de barre à mine et de mortier, avant de parader aux cris de « La rue, la France nous appartient ». Le groupuscule « Guignol Squad » a revendiqué l’assaut. Trois participants de la conférence ont été hospitalisés et un homme de 26 ans a été placé en garde à vue.

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