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A l’école, les « fondamentaux » ne sont pas tout, l’objectif est d’apprendre à réfléchir

« Pourquoi tous ces “accessoires” auxquels nous attachons tant de prix, que nous groupons autour de l’enseignement fondamental et traditionnel du “lire, écrire, compter” : les leçons de choses, l’enseignement du dessin, les notions d’histoire naturelle, les musées scolaires, la gymnastique, les promenades scolaires, le travail manuel, le chant, la musique chorale (…) ? Parce qu’ils sont à nos yeux la chose principale, parce qu’en eux réside la vertu éducative. » C’est ainsi que s’exprimait Jules Ferry en 1880, quelques mois avant les grandes lois établissant l’école primaire obligatoire et gratuite pour tous les enfants de France, garçons et filles, de 6 à 13 ans.

Ainsi, Jules Ferry n’a jamais souhaité focaliser l’enseignement primaire sur les fameux « fondamentaux » – le français et les mathématiques –, contrairement à ce que l’on entend souvent aujourd’hui. C’est à cette époque que les sciences physiques et naturelles entrent dans les programmes scolaires du primaire, en parfaite harmonie avec les mathématiques et le français.

Il ne s’agit plus, comme sous l’Ancien Régime, de donner aux enfants du peuple les rudiments utiles au travail, mais désormais de « donner de bonne heure aux enfants l’habitude de réfléchir ». Il y a là de belles intentions, mais il ne faudrait pas oublier que la réalité de l’école primaire de la IIIe République était bien différente. Le système scolaire était à deux vitesses : une minuscule minorité de milieux favorisés bénéficiait d’un enseignement élémentaire parallèle (payant) donnant accès à un enseignement secondaire essentiellement inaccessible à la majorité des élèves de « la communale ». Le mythique certificat d’études primaires n’était pas facile, et environ un quart des élèves le réussissaient jusqu’en 1900.

Il serait ridicule de s’inspirer, en 2023, des lois Ferry, dont bien des aspects n’auraient aucun sens dans notre société contemporaine. On peut au moins retenir ce souhait d’éviter une focalisation excessive sur les fondamentaux. C’est pourtant ce qui se pratique depuis une dizaine d’années, sans que cela conduise à une quelconque amélioration des résultats scolaires en français ni en maths.

Les mathématiques, une science parmi les autres

Il en résulte, en revanche, une entrée dans la culture (histoire, géographie, sciences, langues, musique, sport, etc.) de plus en plus limitée aux enfants des milieux favorisés, qui ont accès aux dialogues familiaux et aux activités extrascolaires de qualité. Il est certes difficile d’aborder la physique sans une pratique minimale des mathématiques et du français. Mais l’inverse est également vrai : comment comprendre le concept mathématique de volume, par exemple, sans avoir transvasé des liquides d’un récipient dans un autre ? Ou celui du périmètre d’un cercle sans avoir enroulé une ficelle autour d’une bouteille ? Le « lire, écrire, compter » devrait être vu comme un moyen, indispensable, mais pas comme un objectif, lequel est, en effet, de réfléchir.

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