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Projection à l’Assemblée de l’attaque du Hamas : « Les images produites par les criminels posent un sérieux problème et mettent les spectateurs dans une position insoutenable »

Le député (Renaissance) Mathieu Lefèvre, également président du groupe d’amitié France-Israël, a proposé d’organiser à l’Assemblée nationale, le 14 novembre, la projection d’un montage d’images fixes et animées des massacres commis par le Hamas le 7 octobre. Une initiative similaire a été prise au Sénat. On peut s’interroger sur le sens de cette démarche. Pourquoi les députés concernés s’obligent-ils à endurer, sur une durée longue de quarante-huit minutes, la vision terrifiante des massacres commis par le Hamas ? S’agit-il de se convaincre davantage de leur réalité et de leur extrême violence ? De partager ensemble l’effroi de leur vision ? De lutter contre le danger de négation de ces crimes ?

Ces images procèdent d’un montage évolutif (déjà une dizaine de versions) réalisé pour l’armée israélienne par un réserviste israélien, Mattan Harel-Fisch, venu de la profession cinématographique, mais aussi de l’informatique (ingénierie d’interface utilisateur pour les outils numériques). Son film a été montré au Parlement israélien, mais également à la presse internationale, avec interdiction de le copier en raison des demandes des familles de victimes de protéger l’identité de leurs proches.

Grâce à l’inventaire des séquences établi par Libération, il est possible de connaître le détail et l’origine des prises de vue. Ont ainsi été utilisées des images provenant de caméras-piétons ou embarquées à bord de voitures, de caméras de surveillance, de vidéos issues des réseaux sociaux et de téléphones portables, et de drones. Leurs auteurs sont les assaillants du Hamas, les victimes elles-mêmes, leurs proches et les secouristes et, enfin, les caméras de surveillance. Si la deuxième et la troisième vidéos relèvent du régime de vérité de l’enregistrement brut, la première, elle, est plutôt une « image trophée », brandie par des hommes assumant leur crime, s’en vantant auprès de leurs proches, et allant jusqu’à la poster sur le compte Facebook de leurs victimes.

Les images, dans leur majorité, ont donc été produites par les criminels eux-mêmes, ce qui pose un sérieux problème dans leur diffusion, dans la mesure où elles sont prises dans leur axe de vision et épousent la subjectivité de leur action, mettant ainsi les spectateurs dans une position insoutenable. Qui peut voir, sans baisser le regard, l’intérieur d’un foyer où une grenade vient de tuer un père de famille, tandis que le plus jeune de ses enfants se rend compte qu’il est devenu aveugle d’un œil ?

En 1945, le précédent de Nuremberg

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