Grand rabbin de France, président de la Conférence des évêques de France et recteur de la Grande Mosquée de Paris ont été reçus, entre autres représentants de culte, par Emmanuel Macron, à l’Elysée lundi 13 novembre, qui les a appelés à un « effort pédagogique » auprès des jeunes. Cette réception a eu lieu au lendemain de la marche pour la République, contre l’antisémitisme lancée à l’appel de Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, président des deux chambres parlementaires.
Le chef de l’Etat « nous a encouragés à multiplier les actions envers les jeunes », a exprimé à l’issue de la réunion le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort. Il s’agit d’« expliquer cet esprit universaliste à tous les jeunes, afin d’éviter une concurrence victimaire et construire finalement les valeurs de la République », a ajouté le président de la Fédération protestante de France, Christian Krieger.
« L’objectif du président, que nous aiderons évidemment à relayer, c’est que cette parole puisse être diffusée » alors que « nombre de jeunes qui ne lisent plus nécessairement la presse, ne regardent plus la télévision, sont parfois enfermés dans un propre langage (…) sans aller vers l’autre », a affirmé le président du Consistoire central israélite, Elie Korchia.
Des responsables musulmans absents de la marche contre l’antisémitisme
Invitant à l’« écoute », le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a averti : « Personne ne peut s’enfermer dans sa seule et sa simple souffrance. A ce moment-là, on segmente une société ». Sans revenir sur la polémique autour de l’absence du chef de l’Etat à la marche contre l’antisémitisme, M. Korsia s’est félicité de voir que « tout le monde était rassemblé dans la réaffirmation des valeurs de la République ».
Les responsables musulmans n’étaient pas représentés à cette marche, et le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, s’est expliqué : « Je n’ai pas de leçon à recevoir de lutte contre l’antisémitisme. La Mosquée de Paris a toujours été de manière extrêmement active dans la lutte contre l’antisémitisme ». Mais « il aurait fallu [en] faire une lutte contre le racisme, c’était important », a-t-il ajouté. « Je ne veux pas faire de concurrence victimaire », car « il y a une véritable montée de l’antisémitisme », mais « il y a eu un déchaînement de déclarations faites contre les musulmans », a-t-il ajouté.
Etaient également invités à cette réunion, en présence du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le président de l’Union des moquées de France, Mohammed Moussaoui, ainsi que Sadek Beloucif pour le Forum de l’islam de France (Forif), Dimitrios Ploumis pour le culte orthodoxe et Antony Boussemart pour les bouddhistes.
Environ 105 000 personnes à Paris – 182 000 dans toute la France – ont manifesté dimanche face à l’explosion du nombre d’actes hostiles aux juifs depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre. Dans une lettre publiée samedi par le quotidien Le Parisien, M. Macron a déploré « l’insupportable résurgence d’un antisémitisme débridé » et jugé qu’une « France où nos concitoyens juifs ont peur n’est pas la France ». « La France doit rester unie derrière ses valeurs, son universalisme, unie pour elle-même, pour porter son projet et œuvrer à la paix et la sécurité de tous au Proche-Orient », a-t-il ajouté.