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Décentralisation : la mission confiée par Emmanuel Macron à Eric Woerth inquiète les départements

Le député Renaissance, Eric Woerth, quitte l’hémicycle lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 17 octobre 2023.

Dès qu’il est question de millefeuille territorial, les départements se raidissent. C’est souvent eux, en effet, qui sont dans le viseur quand on agite l’idée d’un grand ménage dans les collectivités locales. Lorsqu’ils ont lu la lettre de mission adressée par le président de la République, le 3 novembre, au député Renaissance de l’Oise Eric Woerth, leur sang n’a fait qu’un tour.

Emmanuel Macron demande, en effet, à l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy de réfléchir à « la simplification de l’organisation territoriale en vue de réduire le nombre de strates décentralisées aujourd’hui trop nombreuses ». C’est l’un des cinq thèmes sur lesquels l’ancien maire de Chantilly (Oise) devra travailler, avec « la clarification des compétences » ou « la valorisation » de la fonction d’élu. Pour le chef de l’Etat, « toute notre architecture territoriale est à repenser » : à ses yeux, « confuse, coûteuse », l’organisation actuelle « dilue les responsabilités », « produit de l’inefficacité pour l’action publique » et nourrit la défiance des citoyens.

Mais certains présidents de conseil départemental, réunis du 8 au 10 novembre à Strasbourg pour leurs assises annuelles, sont persuadés que c’est leur collectivité qui est visée. « Qu’est-ce qu’ils veulent, la disparition du département ? », s’insurge Noël Bourgeois, à la tête des Ardennes. L’élu Les Républicains (LR) n’est pas loin de penser, comme beaucoup d’autres, que « l’asphyxie financière » de ces collectivités est délibérée. « Si on continue comme ça, moi, je ne sais plus faire, s’emporte M. Bourgeois. Je rends les clés à M. le préfet et je dis “débrouillez-vous !” » Il l’assure : « Un certain nombre de départements risquent la banqueroute. »

« Paternalisme » de l’Etat

D’autres signaux les inquiètent. Comme les déclarations – aujourd’hui démenties – de la secrétaire d’Etat chargée de l’enfance, Charlotte Caubel, affirmant mi-octobre, dans Le Figaro, que le gouvernement était « prêt à envisager » la recentralisation de la protection de l’enfance. Depuis, le président de l’association d’élus Départements de France ne décolère pas. « Je dénonce cette musique ambiante, insupportable, qui laisse entendre que ce pays irait mieux si l’Etat s’occupait lui-même d’un certain nombre de responsabilités dont nous avons la charge », a protesté François Sauvadet, jeudi 9 novembre, à Strasbourg. Car en la matière, insiste le président UDI de la Côte-d’Or, le problème vient d’« une défaillance des services de l’Etat ».

Et comme il n’y a pas de meilleure défense que l’attaque, M. Sauvadet dénonce : « Ce qui doit être réinterrogé, ce ne sont pas les strates, ce sont les conditions dans lesquelles on va agir mieux pour les Français, c’est la pratique de l’Etat. » Que l’Etat commence donc par balayer devant sa porte. Et l’élu bourguignon a trouvé en Gérard Larcher un allié tout acquis. Le président LR du Sénat, présent à Strasbourg, n’a pas mâché ses mots. « Il est nécessaire de mettre fin à une gouvernance verticale, à cette centralisation bureaucratique », a considéré M. Larcher, qui souhaite « en finir avec ce paternalisme » qui rend les élus locaux « dépendants des dotations de l’Etat ». Président UDI du Calvados, Jean-Léonce Dupont le souligne lui aussi : il est inutile de lancer une réforme de la décentralisation sans commencer par s’interroger « sur le rôle de l’Etat central ». Et tant que « la technocratie centrale » n’acceptera pas de « perdre une partie de ses pouvoirs ».

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