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En Argentine, le refrain anti-Milei des fans de Taylor Swift

LETTRE DE BUENOS AIRES

Une « swiftie » prend une photo d’un panneau de campagne pour l’élection présidentielle sur lequel on peut lire « Massa 2023 », au stade Monumental, avant l’ouverture des portes pour le concert Eras Tour, à Buenos Aires, le 9 novembre 2023.

En Argentine, tous les regards sont tournés vers le dimanche 19 novembre, date du second tour d’une élection présidentielle inédite. Pour la première fois, un outsider, l’ultralibéral Javier Milei, a des chances d’accéder au pouvoir. Après avoir récolté 30 % des suffrages lors du premier tour, le 22 octobre, il affrontera le candidat de la coalition gouvernementale de centre gauche, le ministre de l’économie, Sergio Massa, qui a recueilli de son côté 36,7 % des voix.

Mais pour des milliers de personnes, les fans de Taylor Swift, le mois de novembre revêt une autre importance. Pendant trois jours, du 9 au 11, Buenos Aires vibre au rythme des tubes Cruel Summer ou Is It Over Now ? de la chanteuse américaine, qui se produit au stade Monumental (plus de 84 000 places) dans le cadre de sa première tournée latino-américaine. Mais politique et musique se tiennent la main, selon des « swifties » – surnom que s’attribuent les fans de l’artiste – pour qui la fièvre Taylor Swift pousse à prendre position contre le candidat ultralibéral.

« Milei et La Libertad Avanza [LLA, « La liberté avance », coalition de Javier Milei] représentent un danger pour la démocratie et pour les droits humains de tous les Argentins, surtout des femmes et des gens issus de la diversité. En tant que swifties (…), on ne peut PAS voter pour ça », expose un message publié sur X (anciennement Twitter) le 26 octobre, ponctué d’un « Milei = Trump ».

Tandis que le candidat argentin n’a jamais caché ses affinités pour l’ex-président américain, le message des swifties contre LLA a été vu 1,5 million de fois, et partagé ou « liké » à près de 20 000 reprises. Dans un communiqué l’accompagnant, les fans dénoncent notamment les positions antiféministes de Javier Milei. Parmi elles : son souhait de supprimer la loi légalisant l’avortement (approuvé par le Congrès en 2020) ou sa négation des inégalités salariales entre les femmes et les hommes.

Chanteuse engagée contre Trump et les républicains

« Javier Milei me fait peur », admet Macarena, une économiste de 29 ans à l’origine du communiqué avec un groupe de dix amies. Elle ne souhaite pas donner son nom de famille en raison des attaques qu’elle rapporte avoir reçues sur le compte des swifties, depuis supprimé par X « sans explication » – une nouvelle version a dû être créée, « Swifties por la Patria » (« Swifties pour la patrie »), une allusion à la coalition de Sergio Massa « Union pour la patrie ».

Macarena, fan de la première heure de Taylor Swift, assure ne pas militer au sein d’un parti. « Je suis inquiète de voir que certains de mes proches votent Javier Milei alors que c’est un candidat qui nie les crimes de la dictature [1976-1983] », explique la jeune femme. « Ce que l’on souhaite, c’est attirer l’attention des personnes qui sont peu informées. Si deux swifties changent d’avis, ça aura été utile », poursuit-elle. Un groupe Telegram, composé de 155 membres et baptisé « Swifties contra LLA », organise parallèlement la distribution de tracts anti-Milei les jours du concert.

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