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Ma vie d’ado : « Mon monde s’agrandit, quand j’aurai 16 ans, je me sentirai vraiment adulte »

« Dans mon village, tout le monde se connaît. Je suis celui qui porte des lunettes, qui lit et qui a de bonnes notes. Pas toujours très à l’aise pour parler avec les gens, pas le plus populaire. Je ne suis pas un leader et je me suis souvent caché derrière les autres.

J’entre en 2de générale. Je suis assez dans la norme, et me plaire est important. Parce que ça peut être pénible si tu n’es pas dans la norme : il faut avoir les dents droites, être grand pour un garçon. Le regard des autres, je fais avec, enfin pas toujours… On me charrie sur mon appareil dentaire et on me dit aussi “moustache qui pousse”, c’est comme ça. A force, je m’habitue. Je passe beaucoup de temps à me coiffer et je suis le premier de ma bande à me raser. Je ne suis pas spécialement à la mode, je m’habille normal. Je prends soin de moi. Alors quand on me dit que je pue, ça me met hors de moi. Quand on sort du sport, et j’en fais beaucoup, c’est un peu normal, tout le monde pue.

Ces dernières années, j’ai pris confiance en moi. Au début, le collège, ça a été un grand changement. En primaire, j’allais et venais seul ou avec mes copains. Là, il fallait prendre le car, changer de classe à chaque cours, s’habituer aux nouveaux, aux grands. Les 3e, quand on est un 6e, c’est impressionnant ! Il m’a fallu du temps pour avoir moins peur et gagner en confiance. Je dirais que c’est venu vers 13 ans, à l’entrée en 4e. Quand on a confiance en soi, on se sent fort, grand. On peut mieux réussir. La première fois que je suis allé en ville tout seul pour les rendez-vous d’orthodontiste, je me suis senti tellement libre. La liberté me donne confiance.

« Trop d’adultes pensent qu’on n’est pas capables »

Les adultes, eux, nous prennent trop pour des enfants. C’est vraiment pénible. Ils n’ont pas assez confiance en nous. Au collège, je me doute que les profs ne sont pas là pour discuter avec nous, mais j’aurais aimé que ce ne soit pas seulement des profs d’histoire qui acceptent de nous parler de la mort de Samuel Paty [assassiné le 16 octobre 2020], par exemple. Trop d’adultes pensent qu’on n’est pas capables, alors que je comprends plein de choses, et que je sais faire plein de choses aussi. Comme bricoler, utiliser la perceuse de mon père. Quand j’arrive à faire, que je n’ai plus peur, je me dis que je peux tout faire.

Mes parents me prennent un peu plus au sérieux, sans pour autant me considérer comme un adulte. Je fais juste attention à mon langage, contrairement à ma sœur de 12 ans qui dit beaucoup “genre” ou “frère”, et ça les énerve. Moi, je suis plus enfant modèle qu’elle et je fais plus attention parce que mes parents, avec leurs amis, ils se moquent de nos mots, de notre musique. Ils disent que c’est nul, mais c’est juste que ça change de leur époque, et surtout ils ne comprennent pas le rap, ni pourquoi on se parle “mal” entre nous. Ils essaient, mais finissent toujours par se moquer, ça m’agace !

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