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« WeWork a été engloutie dans le trou noir des dures réalités capitalistes »

Un espace de partage de bureaux WeWork, à Los Angeles, aux Etats-Unis, le 8 août 2023.

Adam Neumann restera sans doute l’une de ces étoiles filantes qui remplissent la galaxie des start-up américaines depuis une bonne décennie, scintillant de mille feux avant d’être englouties dans le trou noir des dures réalités capitalistes. Début 2019, le fondateur de la société de location d’espaces de travail partagés WeWork était encore à la tête d’une entreprise valorisée 47 milliards de dollars (44 milliards d’euros) ; sa capitalisation a fondu de 99 % en un an et elle ne vaut plus que 57 millions de dollars. Dans quelques jours, assure le Wall Street Journal, elle devrait se placer sous le « chapitre 11 » de la loi sur les faillites, qui permet à une entreprise de se restructurer pour continuer son activité.

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Le dernier coup est venu, mercredi 1er novembre, de l’agence de notation Standard & Poor’s, qui a placé WeWork « aux abois » dans la catégorie « défaut partiel ». Le groupe a en effet annoncé son incapacité à honorer, début octobre puis début novembre, une tranche de paiement des intérêts sur sa dette de 2,9 milliards de dollars.

En août, il avait déjà prévenu la Securities and Exchange Commission, le gendarme boursier américain, qu’« il existe un doute substantiel sur la capacité de l’entreprise à poursuivre ses activités », remaniant son conseil d’administration pour y faire entrer quatre spécialistes des restructurations financières.

Accumulation de locaux vacants

Créé en 2010 et naguère au firmament des start-up, WeWork avait levé des fonds, notamment auprès de SoftBank, son premier actionnaire. Mais avant de remettre 8 milliards de dollars au pot, en 2019, le groupe japonais avait évincé M. Neumann : l’homme avait vu trop gros et ses frasques comptables avaient effrayé les investisseurs. Le patron fondateur de Softbank, Masayoshi Son, n’en restait pas moins « convaincu que le monde du travail est en train de changer radicalement » et que « WeWork est à l’avant-garde de cette révolution ». Un optimisme inoxydable jusqu’à ce que la crise due au Covid-19 vide les bureaux.

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Le modèle économique de la société, qui dispose de 777 sites dans 39 pays, n’a pas fait ses preuves : signer des baux à long terme, notamment dans des centres d’affaires comme New York, Londres, Paris ou Tokyo, avant de louer les espaces aménagés aux entreprises dans le cadre de contrats flexibles, plus faciles à résilier, expose WeWork au risque d’une accumulation de locaux vacants. Or, le coworking n’a pas séduit autant que les dirigeants de WeWork l’escomptaient. En France, par exemple, il ne concerne que 7 % des actifs, l’écrasante majorité ayant un fort besoin de relations sociales au bureau, indique l’enquête 2023 de l’observatoire Actineo.

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