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La mort de Francis Mer, ancien PDG d’Arcelor et ministre de l’économie

 Francis Mer, à Paris, en 2003.

Il avait été l’un des seuls grands patrons à occuper un ministère important après une carrière de chef d’entreprise. Un des rares à franchir ce pas dangereux vers un monde inconnu. Francis Mer, dirigeant du géant sidérurgique Arcelor, puis ministre de l’économie et des finances (2002-2004) dans les deux premiers gouvernements de Jean-Pierre Raffarin, est mort, mercredi 1er novembre, à 84 ans. C’est l’ancien locataire de Matignon qui l’a annoncé sur X (ex-Twitter), en évoquant « une éthique intransigeante, une loyauté intégrale, une volonté de servir ».

Haute stature, mâchoire carrée, regard scrutateur, verbe tranché, l’homme né à Pau en 1939, marié et père de trois enfants, en imposait toujours à ses interlocuteurs. Proche conseiller de M. Mer à Bercy, aujourd’hui PDG d’EDF, Luc Rémont se souvient d’« une personnalité profonde, entière, honnête ». « C’était, ajoute-t-il, un grand industriel qui avait le souci de comprendre les métiers et les développer par leurs savoir-faire et leurs talents humains. Et s’il pouvait être rude comme patron, il l’était sur les idées, jamais sur les personnes, en développant une affection profonde pour ses équipes. »

Après Polytechnique (X-59) et l’école des Mines, puis quatre ans au service de l’Etat, il entre chez Saint-Gobain en 1971. Il enchaîne vite les postes de PDG de plusieurs filiales jusqu’à diriger Pont-à-Mousson, un des pôles majeurs du groupe de verre et de matériaux. Mais c’est en 1986 qu’il sort de l’ombre, quand le gouvernement Chirac le nomme à la tête d’Usinor. Objectif : poursuivre la restructuration de la sidérurgie lancée dix ans plus tôt dans le bassin lorrain.

La confiance des syndicalistes

Il intègre Sacilor au sein d’Usinor, qu’il continuera de diriger après sa privatisation en 1995. Puis il crée Arcelor en 2001, en fusionnant son groupe avec le luxembourgeois Arbed et l’espagnol Aceralia, pour en faire le premier aciériste mondial. Sous son mandat, la sidérurgie française passe de 116 000 à 46 000 salariés, l’Etat injectant 100 milliards de francs dans la filière entre 1975 et 1995, dont la majeure partie finance des préretraites à 55 ans et des plans de formation. L’outil industriel se modernise, le secteur se porte mieux.

M. Mer n’en ressort pas avec l’image d’un patron qui envoie usines et ouvriers à la casse. Il gagne même la confiance de syndicalistes : certains le créditent de qualités comme la rigueur, la morale et la franchise. Il faut dire qu’en 1991, une fois l’hémorragie d’emplois jugulée, il négocie un accord de gestion des compétences, Cap 2000. L’industriel restera toujours convaincu que la formation professionnelle est le meilleur atout pour adapter les emplois aux mutations économiques. Une façon d’illustrer une idée que ce patron chrétien réaffirme : « Le système économique doit être au service de l’homme, et non l’inverse. »

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