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« Les grandes compagnies pétrolières et gazières utilisent l’énergie éolienne et solaire pour produire encore plus de pétrole »

Le 4 octobre, le pape François écrivait : « La transition nécessaire vers les énergies propres comme les énergies éolienne et solaire, en abandonnant les combustibles fossiles, ne va pas assez vite. Par conséquent, ce qui est fait risque d’être interprété comme un simple jeu de diversion. »

L’une des raisons pour lesquelles les progrès sont trop lents est peut-être que les grandes compagnies pétrolières et gazières utilisent l’énergie éolienne et solaire non pas pour se débarrasser du pétrole et du gaz, mais pour en produire encore plus, tout en proclamant leur vertu écologique !

Les preuves sont accablantes : le 25 août, la compagnie pétrolière américaine Chevron a publié un communiqué de presse, annonçant que l’un de ses gisements de gaz naturel au Nouveau-Mexique utiliserait dorénavant l’énergie solaire pour faire fonctionner les compresseurs de gaz dans le système des gazoducs.

Un problème existentiel

Cela suit à la lettre les recommandations, largement discutées, d’un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) d’octobre 2021. Nommé « Net Zero by 2050 », il vise à réduire à zéro les émissions de CO2 dans le monde et invite les foreurs de pétrole et de gaz naturel à se concentrer sur « l’exploitation des actifs existants » (page 21).

Ce même rapport témoigne de la nécessité de « ne pas créer de nouveaux gisements de pétrole et de gaz naturel » (page 23), ce qui pose un problème existentiel à Chevron et à toutes les compagnies pétrolières et gazières : en effet les gisements s’épuisent. Leur communiqué de presse aborde implicitement ce problème : « Au fur et à mesure que Chevron augmentera sa production de pétrole et de gaz dans le bassin permien [région géologique située dans l’est du Nouveau-Mexique et l’ouest du Texas], nous aurons besoin de plus d’électricité pour répondre à la demande de nos opérations (…), de l’électricité à faible teneur en carbone (…) réduisant nos émissions de gaz à effet de serre. »

Le communiqué de presse cite un cadre de l’entreprise : « Les coûts de l’électricité ainsi produite seront inférieurs à ce que nous payons si nous utilisons l’électricité du réseau. Il s’agit donc d’un projet à haut rendement et à faible émission de carbone, et nous adorons ça. » Ironiquement, ils utiliseront pour eux-mêmes l’énergie solaire, moins chère et inoffensive, pour vendre à leurs clients de l’énergie au gaz naturel, plus chère et qui contribue au réchauffement de la planète.

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Le 25 octobre 2022, moins d’un an avant le texte de Chevron, BP avait publié un communiqué comparable : « Investir dans l’infrastructure électrique nous permet de réduire les émissions dans nos opérations. En supprimant les moteurs à combustion des compresseurs et des générateurs sur nos sites de forage, l’équipe est parvenue à réduire les émissions (…). Encore mieux : l’électricité que nous utilisons provient de sources à faible teneur en carbone, achetées par l’intermédiaire de notre équipe chargée du commerce du gaz et de l’électricité. Voilà à quoi ressemble une entreprise énergétique intégrée. »

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