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L’exploitation des fonds de l’océan fait peser une menace sur des milliers d’espèces encore inconnues

Une image mise à disposition par le Centre national d’océanographie, le 24 juillet 2023, montre une créature marine trouvée dans la zone de Clarion-Clipperton (CCZ), dans le Pacifique. Plus de 5 500 espèces y ont été recensées, pour bonne part inconnues.

Alors que les Etats membres de l’Autorité internationale des fonds marins, réunis à Kingston (Jamaïque) du 25 au 28 juillet, ont âprement débattu de l’exploitation minière des abysses, sans parvenir à se mettre d’accord sur une position commune, les scientifiques soulignent les risques de l’extraction de minéraux pour la biodiversité encore méconnue du plancher océanique, qui représente pourtant les deux tiers de la surface de la planète.

Dans la zone de Clarion-Clipperton, dans le Pacifique, convoitée par l’entreprise The Metals Company, la très grande majorité des espèces qui y vivent nous est totalement inconnue, selon une synthèse, publiée fin mai dans la revue Current Biology. A partir de divers enregistrements, une équipe de chercheurs britanniques, norvégiens, suédois, conduite par Muriel Rabone, biologiste au Musée d’histoire naturelle de Londres, a recensé 5 578 espèces benthiques (vivant sur le fond des eaux), dont la plupart étaient ignorées de la science. Seulement 436 d’entre elles avaient déjà été nommées et six étaient décrites depuis peu : deux concombres de mer, un organisme vermiforme (l’Erebussau tenebricosu), une éponge carnivore, un crinoïde Hyocrinus foelli et le corail antipathaire.

Le mystère de cette biodiversité habitant à plus de 4 000 mètres de fond, sans lumière et sans guère de nourriture, nécessiterait davantage de travaux de recherches. « Compte tenu de l’imminence des opérations minières » envisagées dans cette partie du Pacifique, les auteurs de l’étude demandent de réaliser « en particulier l’évaluation du risque d’extinction des espèces ». Ils citent une autre des rares estimations de la vie dans les grands fonds, menée dans l’océan Austral. Là, 674 espèces d’isopodes, des crustacés, ont été recensées, dont 87 % sont nouvelles pour la science. L’absence de savoirs sur cet univers profond, souvent qualifié de « nouvelle frontière », est telle que sa géographie est moins connue que celle de la Lune. A peine 25 % des reliefs sous-marins ont été cartographiés en haute résolution.

L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) observe depuis 2010 ce monde extraordinaire depuis une station scientifique composée d’un ensemble d’outils de mesure écologiques et géophysiques. Celle-ci est immergée dans l’Atlantique, à 1 700 mètres de profondeur, au large des Açores. Chaque année, le Pourquoi pas ?, un navire de la flotte océanique française, se rend sur place, au-dessus d’un champ de cheminées hydrothermales baptisé « Lucky Strike ». Environ soixante-dix marins, scientifiques, ingénieurs et techniciens participent à ces missions d’un mois.

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