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Electricité : entre la France et l’Allemagne, un compromis sous haute tension

Depuis des mois, des tensions sans précédent opposaient la France à l’Allemagne sur la réforme du marché européen de l’électricité. Et, depuis dix ans, les deux pays se jettent à la figure les vertus de leur modèle respectif : une forte matrice nucléaire pour Paris, un mix d’énergies fossiles et renouvelables pour Berlin.

Le dossier était même devenu la principale pierre d’achoppement de la relation franco-allemande. Une situation d’autant moins justifiée que les deux nations sont censées poursuivre en commun un triple objectif : éviter la flambée des prix, renforcer la compétitivité industrielle et décarboner leur économie.

Au sommet de Hambourg, les 9 et 10 octobre, Emmanuel Macron et Olaf Scholz avaient rouvert le dossier sans conclure, le président français et le chancelier allemand se montrant toutefois optimistes pour la suite. Suite et fin, mardi 17 octobre, à Luxembourg, où les ministres de l’énergie des Vingt-Sept sont finalement parvenus à un compromis sur la réforme du marché de l’électricité, maintenant soumis aux eurodéputés. L’Elysée, qui bataillait pour la prise en compte du nucléaire dans le nouveau mécanisme de prix, a crié victoire. Tout comme l’Allemagne, puisque Bruxelles veillera à ce que le soutien à EDF et à la modernisation de ses 56 réacteurs ne donne pas à la France un avantage compétitif contraire aux lois européennes de la concurrence.

Un conflit historique

C’est bien ce que redoutait une Allemagne en récession, dont l’industrie est ébranlée par la perte du gaz russe bon marché, la concurrence des sociétés américaines subventionnées par l’Inflation Reduction Act (IRA) pour verdir leurs activités et la menace des constructeurs chinois de véhicules électriques. L’enjeu immédiat portait donc sur la configuration du marché et non sur le prix appliqué au consommateur d’électricité, qu’elle soit fossile, nucléaire ou renouvelable, assuraient les négociateurs. L’accord de Luxembourg met-il pour autant fin au vieux conflit franco-allemand sur le modèle énergétique ?

La transition lancée par Berlin en 2001 n’a pas tenu toutes ses promesses de décarbonation de l’électricité, même si l’éolien, le solaire et l’hydrogène ont connu un développement remarquable. Si la France est loin d’être « éco-exemplaire » sur ses émissions globales de gaz à effet de serre, sa production électrique est sept fois moins « polluante » que celle de son voisin, contraint de relancer le charbon pour compenser l’arrêt définitif du nucléaire. Un atout essentiel dans la perspective d’une hausse de 50 % de la consommation d’électrons à l’horizon 2050.

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