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Guerre en Ukraine, en direct : « Ces salauds savaient qu’ils frappaient des civils », accuse le directeur du centre de la Nova posta, frappé par un missile

« Ces salauds savaient qu’ils frappaient des civils », accuse le directeur du centre de Nova Pochta frappé par un missile

Chaussures fourrées, siège bébé, générateur, couvertures, poussette, tuyau d’arrosage, doudoune… Au milieu de ferrailles grinçant au vent et entre deux flaques de sang gisent des centaines de colis éventrés. Le missile S-300 qui a frappé samedi soir, dans la banlieue de Kharkiv, le plus gros centre régional de Nova Pochta (« nouvelle poste », société privée de poste et de messagerie), a tué six membres du personnel parmi les trente-trois personnes qui y travaillaient. Seize blessés sont à l’hôpital, dont huit dans un état grave, et deux corps n’ont pu être identifiés. Accrochée à la grille de la cour, une femme pleure devant les camions de la Nova Pochta en miettes.

Née en 2001, Nova Pochta, société privée venue concurrencer les traditionnels services postaux publics, était déjà une institution avant la guerre. Depuis le 24 février 2022, alors que les déplacements dans des zones dangereuses sont rares et les déménagements nombreux, elle connaît un succès fou. Grâce à 10 000 points officiels et 13 000 casiers à QR code, Nova Pochta livre du jour au lendemain dans n’importe quel coin du pays et, depuis l’invasion russe, en Pologne, Lituanie, Slovaquie, Moldavie… Un drapeau européen flotte à l’entrée du dépôt, à côté du drapeau ukrainien.

Depuis la guerre du Donbass, les colis humanitaires sont en outre acheminés gratuitement par les 32 000 salariés de l’entreprise, connue pour travailler sept jours sur sept jusqu’à tard dans la nuit, comme ce samedi où un missile a touché le dépôt de Kharkiv, à 22 h 20. En 2022, une frappe plus légère avait déjà fait un mort et six blessés. « La nuit, du toit, on voit la Russie. Belgorod est juste derrière la colline. En quarante-cinq secondes de vol, l’alerte n’a même pas le temps de se déclencher », explique le directeur du centre régional, Dmytro Zavada, le visage laminé. Il a commencé là comme manutentionnaire et connaissait chaque employé.

« Ces salauds savaient qu’ils frappaient des civils. Ils s’attaquent aussi à quelque chose de symbolique. Nos colis, c’est souvent le seul moyen pour les familles de communiquer entre elles. Nous avons même livré à Vovtchansk [nord-est de Kharkiv], à 2 kilomètres de la frontière russe, via un canot pneumatique. Nova Pochta, c’est la première chose rétablie dans les villages libérés, avec l’électricité et la 4G. C’est le quotidien des Ukrainiens, et c’est aussi sentimental : à l’approche de l’hiver ou de Noël, une mère sait que son fils va recevoir son paquet le lendemain. »

Ariane Chemin

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