Close

Olivier Py, directeur du Châtelet : « C’est une aventure de sortir un théâtre de son ornière »

Olivier Py, le directeur du Théâtre du Châtelet, le 7 septembre.

Entretien

Nommé directeur du Théâtre du Châtelet à Paris en février, après neuf ans passés à la tête du Festival d’Avignon, Olivier Py hérite d’un théâtre musical en convalescence. L’artiste de 58 ans va devoir jouer les équilibristes, entre sobriété financière et urgence de restaurer l’image d’un lieu qui a perdu de son aura sur les scènes lyriques nationales et internationales.

Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Le Théâtre de la Ville et le Châtelet, deux scènes parisiennes à la dérive

Pourquoi avoir postulé pour diriger un théâtre dont le déficit était, en début d’année, d’environ 4,5 millions d’euros ?

Lorsqu’elle m’a proposé la direction, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a été cash sur ce montant. Je savais qu’un plan de redressement était en cours. Sans la cohésion de l’équipe, le Châtelet n’aurait pas survécu. C’est une aventure de sortir un théâtre de son ornière. Nous allons y arriver.

La Ville de Paris n’augmente pas sa subvention. Allez-vous tenter de changer cette donne ?

La Ville ne peut pas renflouer la dette. J’ai accepté les choses en l’état. Anne Hidalgo m’a assuré qu’il n’y aurait pas de baisse. J’espère que cette parole sera tenue, il ne s’agirait pas de renfoncer le Châtelet au moment où il sort la tête de l’eau. Ce déficit n’est plus que de 1 million d’euros. Nous devrions être à l’équilibre à l’été 2024 et nous pourrons recommencer à faire des productions, puisque telle est la vocation du Châtelet.

Dans le contexte actuel, quelles sont vos marges de manœuvre sur la programmation ?

Lorsque j’ai candidaté, j’ai proposé un plan triennal. Le lyrique fonctionne sur des échéances de trois saisons. Je me suis engagé auprès de la maire de Paris à venir seul et à ne pas remettre en cause les engagements de programmation. Déjà prévu pour fin 2024, le spectacle Les Misérables faisait partie de mes désirs. J’étais convaincu qu’il fallait remonter cette comédie musicale avec une bonne mise en scène.

Ladislas Chollet, le metteur en scène des « Misérables », vient du théâtre privé. Qu’en pensez-vous ?

J’assume totalement ce choix. Je n’aurais pas dit oui si j’avais trouvé son projet ringard. Le Châtelet a besoin de grandes comédies musicales, pas forcément américaines. Je veux retrouver tous les héritages de ce lieu éclectique. Il y aura de la comédie musicale, de l’opérette, un peu d’opéra, du théâtre musical, de la danse. Je veux créer des festivals de jazz, de musique classique et de danses urbaines (rap et hip-hop), et présenter des spectacles de qualité qui ne relèvent pas d’un théâtre populiste mais populaire.

Le plus onéreux, pour le Châtelet, c’est l’opéra. Il se joue à perte, ici comme ailleurs. Heureusement, les subventions sont là pour qu’il existe encore. Si on parvient à en faire trois ou quatre par an, ce sera déjà bien. Il sera le fruit de coproductions avec les opéras de région ou internationaux (la Monnaie en Belgique ou la Ruhrtriennale en Allemagne), et avec les festivals (Aix-en-Provence). J’ai signé quarante-neuf mises en scène d’opéra. Je ne suis pas en manque et je ne pense pas en créer dans les murs. En revanche, je mettrai en scène du théâtre musical, comme Peer Gynt, en 2024-2025.

Il vous reste 55.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top