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Une montre pour mesurer les variations de l’humeur des personnes bipolaires

Au moins 40 millions d’individus dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé, souffrent de troubles bipolaires. Ces personnes connaissent des fluctuations de l’humeur et, sans traitement, alternent de façon imprévisible entre des épisodes dépressifs – plus ou moins sévères –, des phases d’hyperactivité – « hypomaniaques » ou « maniaques » selon l’intensité – et des moments de stabilité – appelés « euthymiques ». Les mécanismes de cette maladie chronique sont mal connus, rendant la prise en charge des patients complexe.

Et si un bracelet connecté pouvait avertir à temps son porteur d’une prochaine rechute pour qu’il prenne des mesures immédiates et évite ce basculement ? Tel est l’objectif que s’est fixé une équipe de chercheurs (psychiatres-data scientists) hispano-néerlandais. Leurs travaux préliminaires ont été présentés à Barcelone, mardi 10 octobre, au 36e congrès de l’ECNP (European College of Neuropsychopharmacology), par le psychiatre Diego Hidalgo-Mazzei, de l’unité des troubles bipolaires et dépressifs de l’Hospital Clinic de Barcelone. Avec les informations collectées par les capteurs du bracelet, l’équipe espère identifier des biomarqueurs physiologiques de la maladie et aider également à une meilleure personnalisation des soins. Ces recherches ont déjà fait l’objet de plusieurs prépublications, dont celle dans MedRxiv, le 29 mars 2023.

« La façon dont nous pratiquons la psychiatrie n’a pas beaucoup changé ces dernières décennies, explique Diego Hidalgo-Mazzei. Nous fondons toujours nos diagnostics et nos décisions de traitement sur des évaluations subjectives transversales et des entretiens, ce qui diffère des autres spécialités médicales, où des tests objectifs (tests sanguins, électrocardiogrammes, rayons X…) peuvent confirmer un diagnostic ou évaluer une réponse au traitement. » D’où l’envie de cette équipe de tester la pertinence de mesures collectées en continu par des appareils mobiles (smartphones, montres) afin de trouver des biomarqueurs physiologiques capables d’objectiver les variations de l’humeur. « Nous avons été inspirés par des travaux réalisés en neurologie. Des dispositifs portables, désormais commercialisés, aident à identifier les crises d’épilepsie. »

Dans les travaux présentés au congrès de Barcelone, trente-huit patients souffrant de troubles bipolaires et dix-neuf personnes constituant le groupe témoin ont été équipés d’une montre Empatica E4 pendant quarante-huit heures : leur activité électrodermale [variations de la conductivité électrique de la peau liée à la sueur, donc au stress], activité cardiaque, température de la peau et actigraphie (périodes d’éveil et de sommeil) ont été mesurées.

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