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Les maisons fissurées à cause de la sécheresse, « oubliées des politiques publiques »

Le mur d’une maison fissuré en raison de la sécheresse, au Mans, le 18 mars 2023.

Quelque 3,5 milliards d’euros. C’est le montant, historique, versé par les compagnies d’assurances pour des maisons abîmées par les sécheresses de 2022, par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, appelé « Cat Nat » − soit 70 % de plus que le précédent record, datant de 2003, selon les estimations transmises par le secteur, mardi 17 octobre.

Si la note s’annonce bien moins salée pour 2023 (autour de 900 millions d’euros), la tendance est lourde. Sous l’effet du changement climatique, « la sécheresse apparaît comme le péril le plus préoccupant compte tenu du montant des dommages qu’elle engendre [sur les maisons] et de leur forte évolution à horizon futur », écrit la Caisse centrale de réassurance (CCR), le réassureur public, qui gère le Cat Nat.

Avec la succession rapide des sécheresses, ces indemnisations ont représenté 70 % de la sinistralité Cat Nat des cinq dernières années. Derrière ces chiffres : des dizaines de milliers de maisons abîmées, fissurées, ou menacées, chaque année, et autant de foyers dans des situations préoccupantes, parfois dramatiques.

Ainsi la famille B., qui vit à Halluin (Nord), avec deux enfants de 9 et 14 ans. Chez eux, les premières fissures, apparues à l’été 2019, se sont fortement aggravées un an après. En cause, le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA) : quand la teneur en eau des argiles varie, au gré de la météo, les sols argileux sont soumis à de fortes variations de volume et de consistance, générant des mouvements de terrain susceptibles de détériorer la structure des bâtiments.

Conditions de vie « déplorables »

C’est dans cette maison, près de la frontière belge, que le député (Renaissance, Nord) Vincent Ledoux a rendu au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, un rapport titré « RGA, n’attendons pas que ce soit la cata ! », le 6 octobre. Un choix pas anodin pour la remise de ces 72 pages qui placent les sinistrés et leurs galères au cœur de la réflexion sur le RGA, un phénomène voué à s’accentuer avec le réchauffement climatique. Selon la fédération France Assureurs, ce risque pèse, à titre moyen ou fort, sur environ 11 millions de maisons.

« Les conditions de vie de la famille B. sont déplorables – les volets et fenêtres ne s’ouvrent plus, le carrelage se soulève, la consommation de chauffage a explosé », décrit le texte, précisant que le relogement est impossible, car non pris en charge par l’assureur et parce que le ménage rembourse encore le crédit de sa maison.

Il calcule qu’il s’écoulera en définitive au moins sept ans entre les premières fissures et le retour à la vie normale. Le long processus de prise en charge suit son cours. La commune a été reconnue en état de catastrophe naturelle pour 2020. Trois visites d’expert ont eu lieu. Les B. attendent de savoir si la maison sera réparée, ou démolie et reconstruite.

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