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Climat : comment (vite) baisser les émissions de gaz à effet de serre ?

Pour réussir à atteindre nos objectifs climatiques, baisser massivement la consommation de pétrole est nécessaire... mais ce n’est pas le plus facile à court terme !

Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur Humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement ici :

« Bonjour. Je comprends dans vos podcasts qu’une grosse partie du chantier doit être faite à l’échelle mondiale. Mais beaucoup de choses sont très longues à mettre en place (se passer du pétrole pour nos voitures par exemple). Quelles sont les actions qui peuvent être mises en place rapidement et qui auraient un impact au niveau global ? » (Question envoyée par Marine à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr)

Ma réponse : Oui, ces actions existent ! Je vais essayer de rassembler une série d’exemples de ce qui peut avoir un effet rapide sur les émissions de gaz à effet de serre. Cela est inspiré notamment de ce graphique (pas très simple) qui provient du dernier rapport du Giec. En mobilisant ces actions et ces technologies, les scientifiques estiment qu’il est encore possible de baisser de moitié les émissions entre maintenant et 2030 (mais bon il faut se dépêcher quand même). Ce n’est pas exhaustif mais ça vous donne une idée.

1- S’attaquer aux émissions de méthane. On parle beaucoup du CO2 mais le méthane est un gaz puissant, qui participe beaucoup plus au réchauffement climatique. Son seul avantage : il reste beaucoup moins longtemps dans l’atmosphère. Donc si on réduit nos émissions de méthane, on peut ralentir le réchauffement. Comment y arriver ? En s’attaquant aux fuites de l’industrie pétrolière et gazière (notamment en Russie et aux Etats-Unis), en réduisant massivement les déchets et en diminuant la consommation de viande. Plus d’infos dans cet article très bien fait.

2 – Mettre fin à la déforestation. Les forêts sont un excellent moyen de stocker le carbone, et quand on les détruit, on provoque forcément des émissions supplémentaires − la première cause de la déforestation au niveau mondial est la création de nouvelles terres agricoles, qui vont émettre plus de carbone que le stocker. Des engagements ont été pris en ce sens par plusieurs pays, mais on n’y est pas encore.

3 – Arrêter de brûler du charbon. Le charbon reste un moyen massif de production d’électricité au niveau mondial, mais il est aussi le plus émetteur, et de loin ! Il est indispensable dans de nombreux pays pour produire de l’électricité, dans des pays du Sud mais aussi en Europe (en Allemagne ou en Pologne). Toute centrale à charbon qui sort du réseau électrique nous donne un peu de répit. Comment faire ? L’une des options consiste à nouer des pactes avec les pays prêts à le faire, comme l’Afrique du Sud, et les soutenir dans cette trajectoire.

4 – Développer les renouvelables. Si on voulait résumer les mesures jugées les plus efficaces par le Giec au niveau mondial, on pourrait dire : « Mettez des éoliennes et des panneaux solaires partout où c’est possible. » Les énergies renouvelables sont désormais moins chères que les énergies fossiles dans certains pays, et peuvent s’installer rapidement. Bien sûr, elles posent aussi des problèmes liés la variabilité de leur production, qui ne sont pas tous résolus. Sur le solaire, ce reportage explique très bien où on en est.

5- Réduire la demande d’énergie. Derrière cette appellation barbare, il y a deux leviers très efficaces. D’abord l’efficacité énergétique : utiliser des appareils qui consomment moins d’énergie, isoler les bâtiments, etc. Mais aussi faire preuve de sobriété partout où c’est possible pour éviter des déplacements ou des besoins en énergie. L’hiver dernier a montré que nous étions capables de le faire. Un exemple simple et efficace ? Réduire la vitesse sur les autoroutes par exemple. J’avais expliqué cela ici.

6 – Baisser la consommation de viande rouge. Oui, je sais, je l’ai déjà dit dans le premier point. Mais comme l’avait bien expliqué la chercheuse Carine Barbier dans cet épisode de Chaleur humaine, il ne s’agit pas de devenir tous végétariens, mais plutôt de réduire la viande dans nos assiettes, dans nos cantines et dans nos restaurants. En ciblant, en priorité, la viande de bœuf, qui émet trois fois plus que le porc, sept fois plus que le poulet !

Un peu plus de « Chaleur humaine »

Sur nos écrans. Le Haut Conseil pour le climat a mis en ligne lundi 2 octobre son rapport annuel en version grand public, ce qui veut dire qu’il y a des chiffres écrits en gros et des dessins bien faits. Super utile et facile à diffuser.

Sur nos tables de nuit (bientôt !). Le livre Chaleur humaine existe paraît le 13 octobre aux éditions du Seuil. Si vous le souhaitez, vous pouvez déjà le commander dans votre librairie ou sur votre site de vente en ligne favori ! Si vous êtes à Paris, vous êtes les bienvenus le 24 octobre à la librairie L’Instant pour une rencontre.

Dans nos oreilles. Si vous n’écoutez pas encore notre podcast quotidien, « L’Heure du Monde », vous pouvez retrouver ici un épisode sur la planification écologique, auquel j’ai participé, et qui revient sur des sujets que nous allons aborder dans le prochain épisode de « Chaleur humaine » la semaine prochaine.

Dans nos débats. Si vous voulez réfléchir à cette histoire de planification, Le Monde a publié plusieurs tribunes sur le sujet, avec un texte critique intéressant de Christian Gollier (qui fut invité de « Chaleur humaine » il y a quelques mois), pour qui on ne dit pas la vérité en voulant faire croire que la transition sera heureuse. Et une défense du député européen Pascal Canfin (lui aussi ancien invité de « Chaleur humaine ») de la transition macroniste, qu’il juge plus avancée que celle d’autres pays.

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