Close

Marylise Léon : « Les travailleuses et travailleurs sont en quête de sens »

Le monde du travail change et les responsables politiques ont longtemps regardé ailleurs.
Désindustrialisation, développement des activités de service, robotisation, évolutions des outils de communication, émergence des travailleurs des plates-formes, développement du télétravail… Tous ces bouleversements observés depuis le début des années 2000 ont trop souvent été ignorés au profit d’une seule préoccupation : l’emploi. Résultat : les organisations et les conditions de travail ; la reconnaissance des parcours professionnels ; la valorisation des compétences ; les besoins en formation pour répondre aux évolutions des métiers… Toutes ces questions ont été reléguées au second plan.

De quoi frustrer des travailleurs qui ont eu le sentiment que le débat public ne s’intéressait pas à ce qui constitue leur quotidien. Bien sûr, les organisations syndicales ont fait le boulot. Dans les entreprises et les administrations, les représentants du personnel échangent avec leurs collègues sur leurs réalités de travail, agissent pour les améliorer malgré les difficultés liées à des ordonnances travail qui ont distendu le lien de proximité.

Mais, jusqu’ici, le sujet travail, très présent syndicalement, ne passait pas le mur médiatique. Il a fallu une pandémie, une mobilisation sans précédent des travailleurs contre la réforme des retraites et les perspectives de transformation des modes de production et de consommation provoquées par les crises environnementales pour que les pouvoirs publics s’y intéressent. Le travail est devenu une valeur, voire un mot-valise, qui permet à certains de s’opposer aux tenants d’un prétendu éloge de la paresse.

Les œillères du patronat

Les travailleurs et les travailleuses sont à des années-lumière de ces considérations. Ils n’ont pas envie d’entendre ces débats stériles dans lesquels ils ne se reconnaissent pas. Ils ont besoin qu’on les écoute parler de leur métier. Ils sont en quête de sens.

Au lendemain de la crise liée au Covid-19, nous n’avons pas assisté à une grande démission, mais à une grande déception des salariés qui souhaitent participer aux décisions qui les concernent. Ils sont prêts à bouger, à condition d’être impliqués et associés à la stratégie, conscients que les exigences environnementales vont les affecter. Pas simple pourtant de trouver du sens au travail dans des secteurs comme la pétrochimie, qui peuvent être publiquement montrés du doigt. Ils sont pourtant motivés pour anticiper la mutation de leurs métiers, se former pour répondre aux besoins de reconversion. Mais ils sont aussi découragés, car ils se heurtent trop souvent aux œillères du patronat, qui, dans certaines branches, refuse de mettre ces thématiques sur la table des négociations.

Il vous reste 47.07% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top