Close

Comment la gestation remodèle le cerveau de la souris pour favoriser des conduites maternelles

Une souris blanche allaitant ses petits.

L’attachement maternel, cette bulle de tendresse. Un petit miracle qui se renouvelle à chaque naissance, chez les mammifères, quand tout se passe bien. Dans quelle mesure les comportements maternels sont-ils liés à des changements dans le cerveau des futures mères pendant la grossesse ? Dans la revue Science du 6 octobre, une équipe britannique livre un élément de réponse. Chez la souris, deux hormones sexuelles provoquent, durant la gestation, un remodelage cérébral qui suffit à favoriser ces conduites maternelles : le retour au nid, le toilettage, l’allaitement.

On a longtemps cru que les hormones sexuelles libérées lors de la mise bas jouaient un rôle déterminant dans l’apparition des soins maternels. Mais, avant même la naissance, l’œstradiol et la progestérone agissent dans le cerveau de la future mère, montre cette étude dans Science, menée par une équipe de l’Institut Francis-Crick, à Londres.

Et voici comment. Ces deux hormones ciblent une petite région de l’hypothalamus, l’aire préoptique médiane, connue pour son rôle important dans le contrôle de l’accouplement et des soins aux petits. Plus finement encore, au sein de cette région, ces hormones interviennent sur une petite population de neurones, les « neurones à galanine », connus pour gouverner le comportement maternel.

Chez des souris femelles qui ne s’étaient jamais accouplées, les auteurs ont rendu ces neurones insensibles à ces deux hormones, ou à l’une des deux seulement – pour ce faire, ils ont inactivé sélectivement les récepteurs à ces hormones portés par ces cellules. Puis ils ont laissé la moitié de ces femelles s’accoupler. Résultat, celles qui ont eu des petits ont montré une perte totale du comportement nourricier.

Réceptivité aux signaux

Mais ces deux hormones ont opéré différemment. L’œstradiol a rendu ces neurones plus excitables, ce qui a fortifié la réceptivité des mères aux signaux de leur progéniture. Une modification qui s’est estompée à mesure que les petits grandissaient.

La progestérone, elle, a favorisé la formation de synapses excitatrices sur ces mêmes neurones. Ce recâblage a perduré, renforçant le comportement maternel bien après le sevrage de la progéniture. « Cette observation expliquerait pourquoi les femelles de nombreuses espèces ont un comportement maternel à l’égard d’une progéniture qui n’est pas la leur, dès lors qu’elles ont fait l’expérience de la maternité », commente Margaret McCarthy, de l’université du Maryland à Baltimore (Etats-Unis).

« Ce qui est fascinant, c’est de voir que le cerveau se prépare bien avant la naissance à ce grand changement de vie », relève Johannes Kohl, qui a coordonné ce travail. Son recâblage entraîne « un changement de priorité » : si les souris vierges se concentrent sur l’accouplement, les mères, elles, doivent assurer la survie de leurs petits. « Pour se préparer à ce futur défi comportemental, il existe une fenêtre de plasticité dans le cerveau », note Rachida Ammari, postdoctorante et première autrice.

Il vous reste 27.01% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top