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« La crise au Proche-Orient devrait convaincre l’Europe de renforcer encore son autonomie énergétique »

Vue d’Israël, la guerre déclenchée par l’incursion du Hamas, samedi 7 octobre, sur son territoire est comparable, par son ampleur et surtout son effet de surprise, au choc de la guerre du Kippour, en octobre 1973, quand les troupes égyptiennes et syriennes étaient entrées dans le pays. Le monde occidental s’en souvient douloureusement, car la hausse brutale et coordonnée des prix du pétrole l’avait plongé dans une crise économique majeure. En sera-t-il de même aujourd’hui ?

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Lundi 9 octobre, le baril de pétrole a en tout cas réagi vigoureusement, avec une envolée de près de 5 % du prix du baril, à 86,50 dollars (82 euros) pour le brent de la mer du Nord. Pourtant, les analystes restent prudents et, dans leur majorité, n’anticipent pas une explosion des cours comme celle de 1973. A l’époque, le cartel de l’OPEP avait augmenté ses prix de 70 %, tout en réduisant sa production. Aujourd’hui, les principaux pays producteurs de la région se gardent bien d’annoncer une modification de leur politique. Les investisseurs suivent donc comme le lait sur le feu tous les signes d’une éventuelle extension du conflit.

Cette crise devrait convaincre l’Europe de renforcer encore son autonomie énergétique. La situation devait être au centre des conversations, lundi, entre le président français, Emmanuel Macron, et le chancelier allemand, Olaf Scholz. Ils se retrouvaient à Hambourg, sur les rives de l’Elbe, avec leurs gouvernements respectifs. En bateau ou le long des berges, ils tenteront de redémarrer un moteur franco-allemand sérieusement encalminé. L’un des sujets majeurs de controverse concerne l’énergie, et particulièrement le nucléaire.

Différentiel de compétitivité

La France, justement à la suite du choc de 1973, a développé son parc nucléaire et entend en faire la pierre angulaire de sa stratégie de transition énergétique vers la décarbonation. Elle souhaite donc que les nouvelles règles du marché européen de l’électricité intègrent le nucléaire au même titre que les énergies renouvelables. Et notamment que le gouvernement puisse encadrer ses prix avec un plancher et un plafond protégeant les consommateurs d’une hausse brutale des cours. Bruxelles accepte désormais que les nouveaux réacteurs bénéficient de ce type de contrat au côté du solaire et de l’éolien, mais pas les centrales actuelles déjà amorties. Berlin est inflexible sur le sujet, car il y voit une distorsion de concurrence et un détournement du mécanisme supposé aider à l’investissement dans le renouvelable.

Il serait crucial que l’Europe enterre cette querelle nocive à ses intérêts. Dans une note conjointe, le Conseil d’analyse économique français et le Conseil des experts économistes allemand ont étudié ce que pourrait être la réponse de l’Europe au défi de la réindustrialisation américaine. Ils en ont conclu que les fonds déployés par Washington dans le cadre de l’Inflation Reduction Act, sa loi anti-inflation qui subventionne les investissements de décarbonation, n’étaient pas éloignés des sommes dépensées par l’Union européenne.

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